Extrait du journal

L'ordre du jour appelait hier, au sénat, la suite de la deuxième délibération sur le projet de loi relatif au code rural (titre V du bail emphytéotique). L'article 13 a été supprimé et l'article Ici renvoyé à la commission. On a ensuite porté la discus sion sur le titre VI (des animaux employés à l'exploitation. des propriétés rurales). Malgré les efforts de l'inévitable M. de Gavardie, le sénat a adopté l'ensemhle du projet; après quoi il s'est ajourné à jeudi prochain. On a lu la not® officieuse de l'agence ïlavas en réponse aux rumeurs mises en circulation par certains journaux sur la rentrée des jésuites. C'est une idée qui est venue aux amis .du défunt cabinet de taire savoir qu'aussitôt le ministère de Freycinet constitué, les jésuites étaient rentrés en maîtres et vainqueurs dans leurs établissements de la province et de Paris. Il paraissait peu vraisemblable, à la vérité, que les moines eussent tant à se féliciter d'un ministère où figure H. Jules Çérry, qui a présidé, comme chacun saitv à l'exécution des décrets ; mais les nouvelles les plus extraordinaires peuvent trouver créance, et il y a beaucoup de personnes qui ont la mémoire courte. On a donc bien fait de démentir les bruits mis en avant par des amis trop zélés de l'ancien ministère. « Nous croyons, dit la note, être en mesure d'affirmer que le gouvernement a donné les ordres néces saires pour que toute tentative de ee genre lui soit immédiatement signalée", et, de plus, qu'il est formellement décidé à ne pas tolérer que la reconstitution des congrégations ait lieu ni ouvertement, ni par des voies détournées. » Cette réponse catégorique mettra les nouvellistes en de meure de préciser les faits qu'ils croient connaître. Il faudra sortir du vague et des généralités, indiquer les villes de pro vince où les jésuites sont rentrés clandes tinement ou non, et dans Paris même signaler les maisons, où les expulsés se seraient réinstallés. Il est certes d'un in térêt capital d'apprendre par ces journaux que « quelques hôtels du faubourg SaintGermain, dont les propriétaires avaient cru devoir fermer portes et fenêtres de puis la dispersion des congrégations, ont .rouvert triomphalement portes et fenêtres depuis l'arrivée au pouvoir de M. de Frey cinet». Ces .excellents propriétaires, qui depuis deux ans, enfermés chez eux, refusaient de voir la lumière du jour parce qu'on leur avait enlevé les jésuites sont on ne peut plus dramatiques. Tant que le grand ministère dure, ils se plongent dans les ténèbres et s'abîment dans leur douleur ; à la nouvelle que MM. de Freycinet et Jules Ferry arrivent aux affaires, portes et fenêtres s'ouvrent, tout se ranime et re naît comme à l'apparition du prince Char mant dans le château de la Belle au BoisDormant. Le conte n'est pas mal imaginé, et il y a là une ingénieuse application des contes de fées aux choses de la poli tique. Léon XIII vient d'adresser une ency clique importante à l'épiscopat italien; importante en ce sens qu'elle est une in vitation implicite faite aux catholiques de participer aux élections publiques. On remarque, en effet, que ce document est daté du la février, c'est-à-dire du lende main même du vote de la loi qui établit le scrutin de liste en Italie et qui règle la représentation des minorités. « Il faut, dit le pape, sortir de l'assoupissement, il faut prendre cœur à la défense, combattre ouvertement et ne pas se borner à la ré signation. » L'activité des catholiques italiens devra se manifester sous diverses formes,œuvres de charité, fondations d'éco les, patronages d'ouvriers, congrès catho liques. Aucun moyen de propagande ne sera négligé ; les hommes de foi devront concentrer leurs efforts « sous la direction des évêques »....