Extrait du journal
Ce qu'on appelle la « bagarre de Perpignan » est exactement le pen9 dant de la fameuse mutinerie du 17e de ligne, et les deux épisodes nous montrent l'esprit des troupes, selon qu'elles opèrent dans leur pays d'origine, ou qu'elles se trouvent dé paysées. A Narbonne, le 17e de ligne était composé d'hommes dont les familles étaient à portée de la caserne ; de sorte que, même si les soldats n'avaient pas pu, pour ainsi dire, aller tous les soirs manger la soupe chez leurs parents, ils àuraient tout de même obéi aux mêmes idées et vibré aux mêmes passions- La popu lation civile se soulève ; on demande mainforte et assistance au 17° de ligne. Les soldats refusent d'obéir- Scandale et finalement dé part pour Gafsa, en Tunisie. A Perpignan, il ne s'agit plus des régiments de ligne ; il s'agit d'un régiment d'infanterie coloniale qui, par son recrutement, n'a pas de rapports directs avec les populations environ nantes. Cette absence de rapports crée même un antagonisme rapide entre les civils et les militaires- Les civils disent : « Ces gens-là nous comprimeraient, si nous bougions. » Et ils re gardent de travers leurs futurs compresseurs. De leur côté, les militaires, qui n'ont encore rien fait aux civils, leur reprochent leur attitu de antipathique. On se regarde en chiens de faïence. Bagarre ! Siège d'un café, pluie de pavés lancés par les militaires, coups de re volver, inoffensifs, du reste, tirés par les civils. Les: coloniaux rentrent à la caserne, entraînent leurs camarades, en sortent au nombre de 300 avec les fusils, et baïonnette au canon- Heureu sement, ils ne se servent pas des fusils, un peu parce qu'ils ont encore leur sang-froid, et beau coup parce que les civils ne les attendent pasLes gendarmes accourent, les officiers aussi, et, en quelques minutes, tout était apaisé- Les hommes étaient rentrés à la caserne. Nous voyons donc à côté les uns des autres les inconvénients des deux systèmes. Avec le recrutement régional, l'armée peut n'être pas disponible. Avec l'autre recrutement, elle peut le devenir trop vite. Mais nous voyons aussi combien il est plus facile de réprimer le second désordre que le premier. Si l'on avait voulu aller jusqu'au bout de la logique et de la force avec le 176 de ligne, il aurait fallu cerner les mutins et employer contre eux les fusils de leurs camarades et au besoin les canons. Et vous voyez d'ici comment aurait été exploité le massacre et cette victoire de l'armée fran çaise sur elle-mêmeDans le second cas, au contraire, l'ordre troublé a été rétabli par les moyens ordinaires et rituels. Il n'y a pas eu à proprement parler de mutinerie, puisque les soldats sont restés dociles aux ordres de leurs chefs. Et cette dif férence" d'attitude se comprend- A Narbonne, les mutins du 17e de ligne se sentaient soute nus- Ils comprenaient que leur rébellion avait pour complice toute une population qui n'en permettrait pas le châtiment trop sévère. Ils étaient donc presque irrésistiblement tentés de se soustraire à l'autorité de leurs chefs. A Perpignan, au contraire, les coloniaux n'a vaient personne pour les soutenir. L'électeur était contre eux puisqu'ils voulaient cogner sur l'électeur- S'il y avait eu des meurtres, les co loniaux n'auraient pas trouvé un défenseur. Ils n'avaient donc pour eux que leurs officiers, et c'est pour cela qu'ils ont obéi. Par conséquent, en admettant que les deux recrutements ne se manifestent que par leurs excès, le second vaut encore mieux que le pre mier, puisque les excès du second sont plus faciles à réprimer que ceux du premier. J. Cornély. — : ; *£> - , . QUESTIONS ÉTRANGÈRES...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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