Extrait du journal

IX .—'(Suite) Elle rêva longtemps, les yeux à terre. Quand partirait-elle ? Ce soir, par un d«s trains de nuit. Où irait-elle ? Loin, au gré des'train* qui passeraient. Et que ferait-elle ? Elle chercherait sa fille. Sa fille... Elle ne pensait point à son enfant sans angoisse, et c'était, depuis qu'elle l'avait livrée, un» pensée de tous les instants. Où était-elle ? Chaque matin, elle guettait l'arrivée du facteur. Jamais de lettres... Peut être s'était-il-passé quelque chose d'o dieux?... Ce misérable était fou: qu'avait-il fait d'elle? Jusqu'à quelles inconcevables aber rations son farouche délire paternel l'avait-il poussé ? Au fond de quelle retraite ensevelis sait-il la pauvre enfant? Elle tremblait, pressentant un grand danger, prompte même à se désespérer pour ces futiles et tendres détails qui importent toujours aux mères. Certainement il ne devait pas savoir la soigner. Pourvu qu'il ne l'ait pas trop bour rée de ces friandises qui font tant de mal aux petits!... Et comment faisait-il pour l'habiller? Il devait la fagoter tout de travers. Et pour en tretenir son petit trousseau?... Et une angoisse, la pire odieuse : il devait peu à peu se loger tout seul et voracement dans ce pauvre et malléable cœur d'enfant. Reproduction interdite....