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Le Siècle, 20 décembre 1840

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Le Siècle
20 décembre 1840


Extrait du journal

laissait ; une sœur de ma mère vint me chercher à la nouvelle de ce mal heur. Elle m'emmena en me disent que dès ce jour je devenais sa fille, et et elle tint parole : jamais mère pl us attentive et plus tendre'élevaavec plus desollicitude et d'amour son enfant unique. Ma tante avaitépouséunhonvme de grande famille et dont la fortune était immense,. Lucie s'arrêta. Elle était plus pâle ; une légère moiteur se répandait sur son front et sur ses lèvres tremblantes. Un moment elle hésita, puis elle reprit avec effort:—Cet homme s'appe'ait le marquis de Ha y. Et comme Albert entendit ce nom sans surprise et sans le reconnaître, elle respira protondément, comme soulagée d'une horrible inquiétude, et continua d'un ton plus calme Ma tante, la marquise dePlay, était une femme belle, encore jeune et d'un esprit charmant, d'un caractère vif et sensible. Elle aimait son mari avec tendresse, avec jalousie, je crois, et peut-être ne fut-elle pas toujours aussi heureuse qu'onjl'a c. ne dans le monde.Ma tante, voulut d'abord me faire élever sous ses yeux; mais sa sauté, déjà fort altérée, exigeait qu'elle passât presque tous tes hivers dans le midi; le climat de Paris lui eut été mortel. Elle prit le parti de me confiera une femme d'un grand mérite et dans l'institution de laquelle ma mère et elle-même avaient été élevées. Je passai donc de la maison de ma tante dans une autre maison où je trouvai les soins, l'affection qui m'avaîent toujours environnée, où je fus heureuse aussi. 0h! Albert, je ne puis songer sans attendrissement à mes premières années, fi calmes, si balles, si pleines d'espérance et de sécurité, à ci teftips où j'étais proté gée par tant d'affections. Mon premier chagrin fut le départ de ma tante pour une terre.qu'elle venait d'acheter en Provence ; elle devait y pas ser deux années entières ; les médecins lui prescrivaient ce séjour dans un pays plus sec et plus chaud que le nord de la France ; ils espéraient ainsi arrêter les progrès de la maladie de poitrine qui laminait depuis longtemps. Elle partit; je désirais ardemment qu'elle m'emmenât ; je lui demandais dans toutes mes lettres :de l'aller trouver, mais ce ne fut qu'au bout d'une année qu'elle me permit de venir. Mon oncle, le marquis da Play, vint me chercher à Paris; el, je dois le dite, il.me témoigna alors u»e tendresse si affectueuse, si paternelle, que je me pris à l'aimer pres que autant que j'aimais ma tante. , Je me souviendrai toute ma vie de notre arrivée au château de Bès : c'était par un beau soir d'été entre neuf et dix heures; ma tante vint au devant de moi sur le perron. Men Dieu! qu'elle était pâle, languissante, amaigrie, et pourtant qu'elle était belle encore! Il me semble que je la vois s'avancer lentement, ses longs cheveux noirs dénoués et couverts d'un voile jeté.M&bâtë sur fa t$te! ...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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