Extrait du journal

ment, les talons accrochés aux1 bâtons' de1 sa chaise, le mince dossier du ,siège , placé devant lui, serré entre ses jambes, dans une posture simienne. Comme Henry observait, les personnes qui s'étaient assises auprès de, lui, la plus jeune se pencha en arriéré pour faciliter le service; et ses cheveux, sans qu'elle s'en aperçût, vinrent frôler la figure du jeune homme. Un parfum subtil, pénétrant, s'en échappait, dont la suavité le remua tout. Alors, il remarqua la blancheur laiteuse de la nuque, fine et bien, dégagée, et la délicatesse du profil perdu qu'il aperce vait de temps à autre. Une curiosité de la voir naissait en lui.; D'Une.voix très douce elle dit : — Comme c'est ennuyeux, maman, avec tout ce bruit on n'entend rien. La femme à laquelle la jeune fille venait de s'adresser se retourna. Elle était vieille déjà. Elle avait dû être belle. Les traits étaient légèrement empâtés. Le hâle de la figure, le bonnet de dentelle noire qui l'encadrait, les vêtements à la mode des' bourgs, et jusqu'auficliu de soie noire,lais saient deviner une paysanne. Elle répondit en patois, et fixant le fond du concert oùse pressait la foule affluante et refluante, elle reprit en français cette fois : — Regarde, regarde, Angèle, tout ce monde ! On va s'écraser tout à l'heure. La jeune fille, avec effort, par petits sauts, parvint à se mettre de côté et ses yeux, d'abord, comme attirés, rencontrè rent les yeux d'Henry. Le fils du banquier éprouva une com motion violente, étrange, telle, que jamais; il n'en avait ressenti. Les yeux, les grands yeux si bleus, si profonds, si brillants et si honnêtes de la jeune fille en passant sur lui l'avaient conquis, et en Une seconde il oubliait tout ce qui l'entourait,, ébloui par...