Extrait du journal
FRANCE. * Paria, *6 mal. Les partisans de l'exécution des chemins de fer par l'état ont l'habitude d'insister sur la nécessité de réduire les tarifs et d'en conserver la libre disposition à la puissance publique. La discus sion du projet de loi sur le chemin de Montpellier à Nîmes suffit pour montrer combien les résultats répondent peu à ces condi tions premières. Le gouvernement a construit cette ligne dans son entier ; il a payé les travaux d'art et les terrassemens; il a po sé les rails, il a poussé.môme sa prévoyante sollicitudo pour les intérêts de la compagnie à laquelle l'exploitation doit être adjugée, jusqu'à faire l'acquisition du matériel roulant, et cependant le ta rif sera le môme que celui perçu sur les chemins de fer construits par les compagnies, et l'état sera dessaisi- pendant douze années, durée du bail projeté, de toute action sur la fixation du prix du transport des voyageurs et des marchandises. Il est bien permis de se demander, en présence de ces disposi tions, quel sera le profit retiré par l'état de la dépense d'environ quinze millions consacrés à l'exécution du chemin. M. le ministre des travaux publics, en combattant un amende ment de M. Boissy-d'Anglas, qui demandait que le gouvernement fût chargé de l'exploitation, s'est attaché à mettre en relief les inconvéniens et les impossibilités de ce système. Il a notamment in sisté sur le danger de la mobilité des tarifs, sur l'embarras dans lequel se trouverait l'administration en présence des demandes incessantes formées par les intérêts liés à la réduction des prix de transport. Comme M. Dumon, nous pensons que l'état ne possède pas cette énergie de résistance qui serait indispensable pour main tenir des tarifs rémunérateurs, et comme lui nous croyons qu'il y aurait une grande injustice à faire payer aux contrées privées des voies rapides de communication, la réduction des tarifs qui accom pagnerait la jouissance privilégiée des lignes de fer dont certains points du territoire se trouvent dotés. Nous ajouterons que le pouvoir résisterait difficilement à la tentation d'exercer une influence politique, au moyen de la va riation des tarifs, qui deviendraient entre ses mains un levier d'in fluence électorale, sans parler de la nouvelle légion d'employés dont le sort dépendrait de sa volonté. , Mais, s'il en est ainsi, pourquoi imposer au trésor public le far deau stérile de la dépense de construction ? Que devient ce droit 3u'on revendiquait pour le gouvernement de conserver la libre isposition des tarifs, de procéder à des expériences sur le mou vement de la circulation, on modifiant le prix exigé des voyageurs et des expéditeurs? L'honorable M. Berryer, dans «ne improvisation pleine de chaleur et de logique pressante, a combattu le projet du gouver nement. Partisan déclaré et constant de l'exécution des chemins de fer par les compagnies, il ne comprend pas que l'on renonce à poursuivre jusqu'au bout l'expérience dont la loi du 15 juillet 1840 avait voulu donner le signal. Cette loi a consacré d'une part le système des concessions à l'industrie privée, en autorisant la construction des chemins d'Orléans et de Rouen, dont on connaît le succès, et qui n'auront rien coûté au trésor. D'un autre côté elle a voulu, en déléguant à l'administration le soin d'établir la ligné de Montpellier à Nîmes, éprouver l'action directe de l'état. Aujourd'hui les travaux sont terminés, les rails attendent, le ma tériel est prêt, il ne reste plus qu'à chauffer les locomotives ; pour quoi donc ne pas compléter l'expérience, en déléguant à l'état, au moins provisoirement et à titre d'essai, le soin d'exploiter le chemin qu'il aura intégralement payé? Certes, la conséquence é-...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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