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Le Siècle, 22 février 1865

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Le Siècle
22 février 1865


Extrait du journal

sion. La mise de l'arrivant était misérable. Ses vêlements, formés de pièces mal ajustées, étaient souillés de boue. Son visage hâve était labouré par de longues égratignures. — J'ai soif, dit-fl, d'une voix haletante. On lui apporta de l'eau dont il but à larges traits, puis il se laissa tomber sur une chaise, comme un homme à bout de forces. Il m'a perçut. — Quel est cet homme î demanda-t-il en se redressant d'un seul bond et en portant la main à sa ceinture. — C'est un Français, un ami de notre cause, répondit l'hôte. — Ah! pardonnez-moi, monsieur! nous som mes en ce moment entourés de tant d'ennemist Cet homme était un Brescian qui arrivait du Frioul. Le chef des soixante volontaires-gui, dans cette province, tenait tôte alors à quinze cents Autrichiens, Tolazzi, avait dit : « il faut qu'un homme se dévoue pour aller à Brescia instruire le comité de notre situation;» et Luigi s'était offert. Arrivé aux confins d'un bois, il se trouva en face d'un cordon formé par des sentinelles es pacées de pas en pas. Il se renfonça sous le couvert. Blotti au mi lieu d'un fourré, il passa trente-six, heures à confectionner, au moyen de son mouchoir effilé fil à fil, un manteau do feuilles mortes et de branchages. Quand ce travail fut achevé, il se coucha au milieu d'une petite rigole des séchée et se couvrit du manteau. Ainsi caché, il attendit la nuit. . La nuit venue, il se mit en marche pour sortir du bois, rampant et se tordant parmi les sinuosités de la rigole. Au jour, il se trouva presque hors du bois, à une légère distance des sentinelles autrichiennes. Il s'arrêta et resta ainsi treize heures sans bouger, dévoré par une soif ardente qu'il apaisait en mor dant la terre humide. Plusieurs fois des sol dats passèrent près de lui sans se douter que ce tas de feuilles mortes cachait un homme. Ino fois un soldat lui mit le pied sur la main, et trébucha. — Chien de pays ! grommela l'Autrichien, on ne peut y faire un pas sans glisser. A la nuit, le fugitif recommença à marcher ; mais cette fois avec plus dé difficultés, car il lui fallait passer au milieu même d'un campe ment provisoire,de soldats, et les feuilles, on...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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