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Le Siècle, 22 novembre 1871

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Le Siècle
22 novembre 1871


Extrait du journal

Nous trouvons encore une fois sur no tre chemin le préfet légitimiste du Gard, M. Guigues de Champvans. On sait que ce fonctionnaire d'un département républi cain apporte une bonne volonté sans égale à entraver le fonctionnement régulier des institutions républicaines. Avec lui, cha que semaine amène son conflit : conseils municipaux suspendus, vente des jour naux interdite ; les moyens varient, mais le but reste le même. On dira : Mais com ment se fait-il qu'un préfet si remuant (nous employons un mot très-doux) soit laissé à la tête d'un département où il est si peu apprécié? Comment se fait-il qu'un gouvernement qui veut tenter un essai loyal de la république maintienne dans ses fonctions un homme qui s'applique, de parti pris, à ruiner les institutions qu'on expérimente si loyalement ? . . . La réponse est facile : M. Guigues* natif de Champvans, est le, protégé de M. de Larcy, ministre des travaux publics. Quand on est couvert par un ministre, on a une certaine désinvolture,- qu'un fonc tionnaire. ne se permet pas "lorsqu'il ne compte que sur ses propres mérites, et sur la sagesse de son administration. Voici pourtant une occasion pour M. Casimir Périer de montrer que la protection d'un de ses collègues ne saurait aller jus qu'à permettre une atteinte à la loi. Dans une de ses dernières séances, le conseil général Gard a émis un vœu en faveur de l'amnistie. Aux yeux du conseil, Un vœu de cette nature relève du domaine de l'administration générale, permis , comme on sait, aux conseils généraux par l'article 51 dé la loi du 10 août 1871. Aux yeux du préfet du Gard, l'amnistie étant, au contraire, de l'ordre politique, le conseil n'a pas le droit de s'en occuper. Ces diversités d'interpréta tion ne sont malheureusement que trop favorisées par l'élasticité et le vague du texte légal ; mais ce n'est pas précisément ce dont il s'agit dans le conflit dont nous nous occupons. Le préfet et ses amis s'étant retirés de la salle du conseil au moment où le vœu sur l'amnistie allait être voté, ils espéraient que leur retraite entraînerait l'illégalité et la nullité du vœu, par l'insuffisance du nombre des votants. Ils se trompaient, ainsi qu'on pourra s'en assurer par la lecture de la lettre de M. Laget, président du conseil. Les membres présents étaient au nombre dè vingt-un. Le conseil ne comp tait actuellement que trenterhuit mem bres, par suite de la vacance de deux sièges, l'une par option, l'autre par annu lation ; la loi est satisfaite. Le nombre, plus un, des membres exigé par l'art. 30 de la loi existe ; la délibération est donc valable et légale. Tel n'est pas l'avis du préfet, qui pré vient le président du conseil général qu'an...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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