Extrait du journal
' Il y a un vieil adage latin qui dit * Errare humanum est; ferseverare. autem diabolicum. Se tromper est humain ; s'entêter est diabolique. Par conséquent) on ne peut pas demander aux Eommes de ne pas se tromper; mais on peut et l'on doit même leur demander de ne pas persévérer .dans leur erreur. A propos des grèves du Nord et du Pas-deCalais, -on a commencé par se tromper, en ca chant l'armée, et en l'employant timidementCette erreur a causé les catastrophes que l'on connaît Le gouvernement n'y a pas persévéré. Il a fini par où il aurait du commencer. Il a fini par écouter les conseils de quelques amis qui ne sont point tentés d'exploiter le désordre pour servir des rancunes politiques et qui, par tisans de la méthode intensive et préventive, lui ont dit qu'au lieu de cacher l'armée, il aurait dû" l'étaler et noyer l'émeute dans" des régi ments. D'ailleurs, le seul "moyen de n'être pas obligé de réprimer, c'est de prévenir. Les gens qui sont faibles sont forcés de devenu: vio lents. lorsque leur faiblesse a laissé arriver les choses à un point où elles ne sont plus tolérables. . ' Aujourd'hui, la grève du Nord et du Pas-deCalais peut être considérée comme expirante. Pourquoi ? Parce qu'on a amené sur le théâtre du désastre un véritable corps d'armée. :I1 y a presque, autant. de soldats que de grévistes, et l'un de ces derniers disait^ hier, à un de nos confrères « Nous allons être forcés de faire la grève chez nous, les bras croisés, car on ne peut plus sortir sans se heurter à des barrages de soldats. » ' ' Bonnes paroles. Attitude rationnelle. En ef fet, l'homme qui ne veut plus travailler doit se croiser les braa Ainsi, il est irréprochable, et il peut rester chez lui, tant que ses économies lui permettent de- vivre- sans rien faire. Or. s'il y avait eu assez de troupes dès le début des désordres, les mineurs n'auraient • jamais pensé à assommer les soldats et les officiers avec des briques, à incendier les pro priétés privées. Nous n'aurions pas eu à cons tater la mort à jamais déplorable de plusieurs " défenseurs dé l'ordre, et nous n'aurions* pas bientôt à enregistrer les châtiments nécessaires, - mais douloureux des idiots sinistres qui sont allés brûler des maisons pour marquer leur mé contentement Car il va falloir que tous ces - désordres s'expient. Les gendarmes ont arrête hier, dix-huit iheendiaires qui vont passer en justice et qui, vraisemblablement, seront diri gés sur le bagne. Si l'on avait appliqué dès le début de la grève la méthode à laquelle on s'est résigné de recourir après l'avoir laissé se développer, cette grève, il est infiniment probable que les gendarmes n'auraient" eu à arrêter personné, parce que le sac et l'incendie des maisons au raient "été matériellement impossibles, et une douzaine et demie de crétins, que la justice va ■envoyer aux travaux forcés, seraient encore chez eux. libres de se croiser les bras et de se reposer jusqu'à ce que la faim, qui chasse le loup du bois, leur conseille de retourner au travail. En somme .les mineurs qui voulaient travail ler ont été roués de coups. Les chefs du mouve ment gréviste vont aller au bagne. Tel est le résultat le plus clair de la politique qui a con sisté à cacher l'armée. J. Cornély....
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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