Extrait du journal

faut à un éclair pour traverser la nue. Cette impression si pénible une fois passée, l'étranger eut pourtant la force de se recueillir. A trente ans, on a toujours du ressort. Rap pelant tout à coup à lui son énergie morale, rassemblant les puissances de sa volonté, il réussit à se faire vite un autre visage et n'eut pas l'air de s'apercevoir des hésitations du gentilhomme, si offensantes pour lui. Il s'ef força même de sourire afin de bien faire voir qu'en ce moment c'était lui-même qui jouait le beau rôle. Revenant donc à la clé que Raoul avait tou jours àla main, il attira l'attention du comte sur une particularité qui ne manquait pas d'intérêt. — Vous remarquerez, monsieur de Mertens, dit-il, que ce petit anneau d'or auquel elle tient est fortement usé. S'il n'est pas rem placé par un autre anneau, on risquera de la perdre encore. — Monsieur, je vous rends mille grâces, ré pondit Raoul en s'inclinant. La remarque est à retenir. Il fit ensuite une révérence d'homme de cour, et il ajouta : — Au reste, cette affaire finit le plus galam ment du monde. Il avait la bouche ouverte pour ajouter: — Convenez, monsieur, qu'il n'aurait tenu qu'à vous que les choses ne fussent pas allées si loin, tout à l'heure, entre nous. Ces paroles de regret, qui eussent été un baume sur les blessures du patient, l'ancien guérillero les pensait ; elles se faisaient lire dans son regard. Toutefois, il ne les laissa pas tomber do ses lèvres. Selon toute vraisemblance, en les taisant, en les étouffant, si l'on veut, il était retenu par la crainte d'offenser de nouveau le Valaque ; et, en second lieu, tout enivré de sa victoire, il avait hâte de se retirer afin d'aller apprendra à qui de droit l'heureux résultat-de l'entrevue. Pour s'y préparer, il tira de sa poche une sorte d'étui en maroquin rouge d'une forme assez élégante. livittemment c'était là une em plette qu'il avait dû faire en vue| du dénoue ment qui venait de s'effectuer. S (A suivre.)...