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Le Siècle, 24 mai 1844

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Le Siècle
24 mai 1844


Extrait du journal

de votre avis. Voulez-vous dire que les princes ne doivent jamais rien faire, rien dire, rien écrire qui les expose aux jugemens plus ou moins téméraires des journaux? Mais dans ce cas, pourquoi donc n'aviez-vous, au mois d'août dernier, que des éloges à donner aux allocutions pro noncées par M. le duc de Nemours? — Vous citez ce matin, à l'appui de vos étranges doctrines, un article du journal la Réforme où l'écrit de M. le prince de Joinville est vivement attaqué. Est-ce que nous ne pourrious pas vous opposer vingt articles du National où le discours de M. le duc de Nemours à M. le maire du Mans n'était pas traité avec plus de ménagemens, où la constitutionnalité aussi en était contestée? Que parlez-vous de droit commun et de loi commune? Avez-vous bien pesé la valeur de ces expressions ? Est-ce que le prince qui est contreamiral, qui a le commandement d'un vaisseau ou d'une flotte, est-ce que le prince qui a le commandement d'un corps d'armée ne sont pas dans le droit commun, ne sont pas soumis à la loi commune? Est-ce qu'ils sont investis d'aucun privilège, d'aucune inviolabilité? Est-ce qu'il est interdit à la presse de dire de leurs actes ce qu'elle en pensa et de les juger au point de vue des divers partis qu'elle représente ? » Soyez donc conséquens avec vos principes, et si vous avez si peur que la polémique quotidienne s'attaque aux paroles et aux actes des princes, ne vous bornez pas à ériger en théorie qu'ils doivent s'abste nir d'imprimer des notes ; érigez aussi en doctrine qu'ils ne doivent pas prononcer des harangues, siéger à la chambre des pairs, ni exercer au cun commandement. » Plus on avance dans l'examen des conditions faites à l'état par les compagnies de fermage simple, plus on voit combien les espé rances conçues au sujet de ce système étaient peu fondées. Le trésor court tout le risque de la fondation des voies nouvelles de communication, il assume la dépense de la pose de la voie aussi bien que celle des travaux d'art et de terrassement ; il risque d'é branler le crédit public en faisant appel à un emprunt énorme, et en retour de ces sacrifices il n'obtient aucun des avantages qu'on prétendait conquérir à son projet. Les tarifs demeurent aussi éle vés que sur les chemins construits en tout ou en partie par les compagnies, et pendant douze années ils sont immobiles. Lo gou vernement abdique tout moyen d'intervention et d'influence pour faire modifier le prix du transport. Telle est en résumé la situation créée par la loi sur le bail du chemin do Montpellier à Nîmes. . ... . , Le prix du bail a été vivement débattu quant à la base qu'il s'agissait d'adopter pour lo fixer. Un grand nombre d'amenderaens ont formulé divers systèmes, qui ont été successivement re poussés par la chambre. M. Muret de Bord et M. Berryer voulaient que le prix du loyer fixe descendît à 3 0(0 de la voie do fer, sauf à donner à l'état un droit do partage dans les bénéfices après un prélèvement de 8 0[0 au bénéfice de la compagnie ; ils voulaient éviter ainsi que l'engagement ne dégénérât pas en une charge trop onéreuse pour l'industrie privée ou en une perte pour l'état, suivant les diverses chances de l'exploitation. M. Gouin prétendait changer d'une manière absolue le système proposé par le gouvernement. Suivant lui, le loyer aurait été ré glé proporiionnellement aux recettes brutes, en prenant pour mi nimum le quart de ces recettes. Mais il n'a pas été difficile de prouver que cette base était inacceptable, car il est des chemins où la dépense absorbe toutes les recettes, et il n'y a aucune iden tité entre l'augmentation du produit net et celle du produit brut. Enfin M. Bineau et M. de Lagrange prenant pour point de dé part, l'un un prix fixe de 400,000 fr., l'autre 2 0[0 sur l'ensemble de la dépense de 14 millions faite par 1 état, demandaient d'élever le prix au bail. > La chambre, sur la proposition de M. Berryer, a maintenu le chiffre de 250,01)0 fr. comme le minimum moyen du loyer pen dant les douze années du bail. De cette manière" on a évité le nonsens qui consistait à séparer en principe la dépense faite par le trésor pour la voie de fer et celle pour les terrassomens. La dé pense totale sera mise en regard du revenu acquis, et l'on saura au moins ce que le chemin produira en réalité sur le capital en tier consacré à le construire....

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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