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Le Siècle, 24 mai 1907

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Le Siècle
24 mai 1907


Extrait du journal

Nous voici en plein dans la discus sion de l'impôt sur le revenu. C'est une lettre de M. le ministre des Finan ces à M. le président. de la commission, de lé gislation fiscale, c'est-à-dire de M. Caillaux à M.- Pelletan, qui a allumé le débat. Cette let tre montre quelles sont les différences très réel les entre le projet du gouvernement et le pro jet de la, commission. Le projet du gouvernement est plus dur que celui de la commission- La lettre contient aussi une phrase dans laquelle les journaux opposés à J'impôt sur le revenu affectent de voir "des aveux et dans laquelle il faut plus justement trouver la constatation d'un fait in discutable. ' M- le ministre : des Finances proclame d'abord que les grandes fortunes ont pour échapper à l'impôt des facilités particulières, et il conclut : u Nous sommes donc conduits' par la force même des choses à demander aux classes moyennes les sommes nécessaires pour faire face aux nouveaux dégrèvements. » Le ministre aurait pu ajouter aux dégrève ments les charges nouvelles, car enfin, nous naviguons vers les retraites ouvrières qui nous coûteront dans les 300 millions par an, et nous avons déjà réalisé hier-une augmentation des soldes des inscrits,maritimes qui ajoutent à nos frais annuels la bagatelle de 5 millions. Ce sont donc les classes moyennes qui vont trin quer. Pauvres classes moyennes ! Elles trin quent toujours ; et. cela se comprend, elles constituent la partie vivante, résistante et acti ve du pays. Les pauvres, les déshérités ne comptent pas. D'abord, en France, noa; avons le bonheur qu'ils, rie soient pas nombreux et' ensuite ces vaincus de la vie n'ont ni ressort ni énergie ; et n'ont, par conséquent pas d'action. Quant aux riches, aux très riches, leur for tune est forcément cosmopolite. Ils peuvent la placer et la déplacer et. la soustraire par sa mobilité aux endroits où elle serait exposée à rencontrer trop de bourreaux. Seulement, le raisonnement qui consiste à charger les classes moyennes, parce qu'elles sont la partie vivante de la nation, devrait être remplacé par un raisonnement tout à fait contraire qui consisterait à les ménager pour augmenter en elles la vie et l'énergie qui pro fiteraient au corps social tout entier. Car un projet qui mécontentera les classes moyennes est UTf. mauvais projet, comme un projet de loi militaire qui mécontenterait les capitaines se rait un mauvais projet. Du reste, toutes ces discussions sont un peu prématurées. Elles ne reprendront utilement que lorsque chacun de nous aura reçu sa feuille de contributions avec -l'impôt sur le revenu. Alors on causera. Cette année-ci, nos feuilles dé contributions "ont déjà augmenté d'une /façon sensible. Nous...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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