Extrait du journal
légués à M. Thiers. Ceux-ci ont. lu l'adresse suivante : ; Paris, 24 mai 1874. Monsieur Thiers, Nous venons, au nom des populations rurales et tirbaines de la Gironde, vous offrir un témoi gnage de leur attachement et de leur reconnaissajjçg*,. Nous ne devons pas regretter le retard apporté dans la remise de ce médaillon par les longs et consciencieux efforts de l'artiste, puisque ce re tard nous a permis de nous présenter le 24 mai, et d'opposer ainsi la gratitude de notre départe ment àT'ingratitude de ceux qui vous enlevaient le pouvoir, il y a un an, par un vote contre le quel la conscience publique a énergiquement protesté.. Interprétés des républicains do toutes nuances, nous venons en leur liom saluer l'homme qui a défendu sous l'empire les libertés nécessaires, qui a fait un suprême effort pour empêcher une guerre désastreuse; qui, pendant nos. défaites, s'efforçait de nous assurer des alliés en Europe; qui, après la guerre, a pansé nos plaies, rétabli notre crédit, donné la plus vive impulsion aux affaires, et qui a appris enfin à la France à lie pas désespérer d'elle-même, puisqu'elle a pu trouver, dans un moment si critique, le gouver nement qui lui convient le mieux et l'un des hommes les plus éminents qu'elle ail jamais eu à la tête du pouvoir exécutif. Nous devons nous féliciter do constater dans cet anniversaire la condamnation de ceux qui vous avaient renversé, sous le' prétexte de réta blir l'ordre moral, mais en réalité pour Icntcrle retour désormais impossible de la monarchie. Cet événement d'hier prouve que la voix de la France doit enlin être écoutée, et que le jour est proche où la république incontestée assurera véritablement le gouvernement du pays par le pays. Ce grand résultat vous sera dû pour une bien lar^'c part, et ce sera votre plus glorieux titre dans l'histoire. Tels sont, monsieur, les sentiments qui nous animenï'W qui nous créaient, vis-à-vis de vous des obligations que nous venons reconnaître sans espoir de les acquitter jamais. . M. Thiers a répondu à cette adresse par lo discours suivant : Messieurs, Je vous remercie de.volre présence ici, du don si beau que vous êtes chargés de me re mettre, et surtout des sentiments dont vous m'apportez l'expression. Ces sentiments, je voudrais les avoir mérités tout entiers; je crois néanmoins, par mon dévouement, en avoir mérité une partie, et je suis charmé de pouvoir parler avec cette confiance devant vous, représentants de la Gironde, au milieu desquels j'ai reçu le pouvoir et en présence desquels j'en ai l'ait le premier usage. C'est vous que j'aime à prendre pour témoins et que je suis heureux d'avoir pou* jugés dans celle journée du 24 niai ! Certes, lorsqu'il y a un an, l'assemlii^e'nationale, usant de son droit, se séparait de moi, on ne .pouvait pas, en présence du pays apaisé, de l'ordre rétabli, du crédit soudainement relevé,-du territoire libéré par mes efforts et ceux de mes digues collègues, on ne pouvait pas dire que j'a vais mal usé du pouvoir qu'on m'avait con fié. Mais on m'adressail un reproche : c'était de n'avoir pas su ou voulu ramener le pays ' dans les voies do la monarchie. Eh bien! messieurs, vous avez tout vu, et, je vous le demande, à Bordeaux, au milieu de votre noble cité, si animée alors, en pré sence de toutes ces populations du Midi confédérées pour la république, en présence de Paris prêt à s'insurger et disposant de forces immenses, pouvions-nous proclamer la monarchie? Pouvions-nous môme nous saisir du gouvernement et faire reconnaître l'autorité de rassemblée^.si nous avions an noncé qu'elle venait" pour abolir la républi que? Quelqu'un d'ailleurs . l'a—t—il ' proposé alors? Sans doute, j'ai entendu plus -d'un honorable député exprimer le regret que la chose ne fût pas possible, mais je n'ai en tendu personne en faire la proposition. Et, un mois après, lorsque, arrivés aux portes de Paris, qu'il fallait arracher à l'anarchie, nous étions obligés de déclarer, au nom de l'as semblée elle-même, que c'était non pour la monareliie, mais pour l'ordre social en péril, que nous combattions, aurions-nous pu tout à coup proclamer la monarchie ? Et si nous n'osions pas le faire en présence du danger, aurions-nous pu, nous démentant impudem ment, faire le lendemain le contraire de ce que nous avions annoncé la veille? Quelqu'un a-L—il osé le proposer? Et, un mois après, lorsque nous étions obligés de demander à la Banque le pain de chaque jour, lorsqu'il fallait trouver tout d'un coup uOO millions pour éloigner les Prussiens seulement à quel ques lieues de Paris, est-ce en causant au pays l'émotion que n'aurait pas manqué de produire l'abolition de la république que nous aurions pu obtenir ce subit apaisement...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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