Extrait du journal
. FRANCE. . Paris, 25 juin. La chambre des députés a beaucoup perdu dans l'estime des conservateurs et en particulier du Journal des Débats depuis qu'elle a laissé choir M. Mo é et surtout depuis qu'elle a soutenu de ses votes le ministère du 1er mars. La voilà accusée à son tour d'en vahissement sur la prérogative royale et de dédain pour les droits de la pairie. On lui livre la dictature et elle la prend ; un ministère audacieux a conçu la pensée de cet abaissement systématique de deux des pouvoirs de l'état, et elle ne craint pas de s'en rendre com plice. 0 anarchie ! ô crime ! Les principes monarchiques sont mé connus, l'usurpation est en partie consommée -, lé pouvoir minis tériel s'est substitué insolemment au pouvoir royal ; la chambre élective tend de plus en plus à l'omnipotente ; l'équilibre établi par la charte entre les pouvoirs est rompu ; bientôt, au train dont vont les choses, la royauté et la pairie ne seront plus dans notre consti tution que des rouages superflus ; l'une s'est résignée, l'autre est en péril ^le gouvernement parlementaire va nous révéler son dernier mot : la république ! Telles sont les tristes vérités que le Journal des Débats, non sans qu'il lui en coûte bien des soupirs et des sanglots, se décide à met tre au jour. Ce qui nous étonne, ce n'est point sa douleur au milieu d'une si grande perturbation des doctrines gouvernementales, c'est la timidité de ses conclusions. Quoi! le roi est dépouillé, tombé dans une espèce de servage; la pairie, déjà traitée avec irrévérence, est menacée de subir à son tour la confiscation de tous, ses droits ; le ministère, avec la complicité de la chambre des députés, est sur le point d'inaugurer la république ; et le Journal des Débats se la mente, et il se contente de pousser les conservateurs du Luxem bourg à quelque molle protestation, et il ne leur crie pas : « Aux armes \ la monarchie est en danger !» Pourtant, si nous en croyons les radicaux, qui dénoncent avec tant d'amertume l'absence de toute énergie dans le ministère, la faiblesse ou mieux encore la grande trahison de la gauche, qui au rait abandonné les droits du peuple placés autrefois sous sa sauve garde, il ne paraît pas que la république doive être proclamée de main ; ou du moins ce ne serait pas encore, suivant eux, la meil leure des républiques. Qui sait ! les radicaux et les ultra-royalistes s'entendent si bien maintenant pour incriminer la gauche constitu tionnelle, qu'il ne serait pas absolument impossible que celle-ci eût mérité à la fois le reproche d'avoir détruit le prestige, la force du pouvoir, et de lui avoir sacrifié tous les principes et toutes les garanties de liberté. Ce sont des accusations qu'il n'est pas très faciîe de concilier, mais les radicaux et les conservateurs ne peu vent avoir tort, et il faut nécessairement que la gauche soit cou pable. Oh ! cela est entendu ; mais il reste à vider la question d'usurpa tion de la part de la chambre élective, et de dignité pour la cham...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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