Extrait du journal

pays de constater que cette question de la révision de la consti tution, de laquelle on espérait faire sortir de nouveaux désor dres, est désormais une question assoupie qu'il conviendra de, réveiller seulement lorsque l'heure légale de ce réveil aura son né. Cette révision se poursuivra alors avec d'autant plus de cal me que la France et les pouvoirs qui la régissent auront bien employé le temps qui nous en sépare. Il ne s'agit pas aujourd'hui de savoir, comme on le dit avec ce ton de raillerie qui sied si bien à la jeunesse, si les conseils généraux sont épris de la constitution au point de ne vouloir point y changer une syllabe ; mais bien, si l'on peut faire sortir de cette constitution quelque bien pour le pays. C'est là l'œuvre importante, et si nous n'avions point à répondre à de spirituels sceptiques, nous dirions : Ecartons ces débats oiseux, et ne prenons pas à tâche d'irriter les haines politiques. De ce que quelques journaux exagérés se sont réjouis de voir les conseils généraux déconcerter par leur attitude les têtes folles de la réaction, n'allons pas nous laisser entraîner dans la voie des provocations; n'ajournons pas à l'an née prochaine, comme le fait ce matin avec un peu d'irréflexion le grave journal que nous avons cité. les coupables' espé rances, les colères des partis. Quelque imparfaite que soit la constitution, il faut bien se convaincre que ce'n'est pas vingt mois, mais vingt ans , qu'il faudra pour dévelop per tous les germes féconds-qu'elle contient, pour réaliser les promesses qu'elle a faites à la cause de l'ordre. Employons donc ces vingt mois à des choses sérieuses, à la pratique de nos ins titutions, à la fécondation du travail, à l'amélioration du sort des classes ouvrières. Nous aurons ainsi consolidé l'ordre plus sérieusement que ne saurait le faire la révision elle-même. Et surtout, après que le pays vient de manifester si clairement sa haine, pour les bouleversemens, de quelque côté qu'ils viennent, gardons-nous d'ajourner à l'année prochaine des luttes, des vœux révolutionnaires, dont il vaut mieux eftacer le souvenir....