Extrait du journal

« UN FflflUDEUR àjf . Wjj Un des aimables farceurs qui orga0^^ nisèrent le meeting de Carcassonne, vient de se faire arrêter. Celui-là avait la spécialité de protester contre les fraudeurs. On ne sait pas si c'est lui qui avait construit la petite, guillotine portative qui figurait dans les meetings et qui coupait la tête à des petites figurines représentant des fraudeurs- Mais on sait qu'il s'était fait remarquer par son attitude intransigeante contre la fraude et les fraudeursEt cela se comprend. C'était un faussaire ! Il se servait d'acquits fictifs revêtus de fausses signatures. Il a été condamné à deux mille francs d'amende- Je trouve que c'est peu. Le tribunal a été indulgent, il a négligé îe crime de faux qui, du reste, aurait déclassé l'affaire et l'aurait transportée, de la correctionntelle à la coût d'assises, où l'accusé aurait peut-être trouvé des copains parmi les jurés. C'est dommage . qu'on ne puisse : pas ouvrir -lune.enquête sur toutes, les personnes qui se sont fait remarquer dans l'aventure du Midi- J'ai idée qu'on trouverait beaucoup de cas sembla bles à celui-là- Et ainsi/ éclaterait à tous les 'yeux, le bluff intense dont nous avons tous plus ou moins été dupes. ■ Si encore ces gens-là s'étaient contentés d'être des comiques ? mais c'est qu'ils faisaient les méchants. Ils menaçaient. L'un d'eux écrivait à un journal de Paris : « Ah ! si on était encore au Moyen Age on ferait brûler à petit feu un de vos rédacteurs, tous les matins i> ! Celui-l^ au moins, n'affichait pas d'opinions radicalessocialistesA propos du meeting de Béziers, où ils pré tendaient, avoir figuré au nombre de cinq dent mille, je .m'étais permis de dire que c'étaient cinq cent mille naïfs. Aussitôt, un comité de ..là-bas m'écrivit : « Il est vendredi. En vous dé pêchant, vous pourrez arriver pour le meeting de dimanche, à Carcassonne. Nous vous som mons d'y venir- Et si vous n'y venez pas, c'est nous qui irons vins trouver. » . Ce brave comité n'annonçait ni vitriol, ni re volver, mais la menace y était tout de même. Et un de mes amis d'enfance qui .habite là-bas, m'écrivait : « Méfie-toi- Ils sont très mé chants ». Je n'allai pas à Carcassonne et j'attendis le comité. Il ne vint pas- Je le regrette. Je me proposais de lui dire : « Combien êtes-vous ? Cinq, six, sept ? Ce n'est pas assez- Je ne marche que si vous êtes cinq cent mille, puisque c'est votre chiffre ordinaire de promenade. Allez chercher les quatre cent quatre-vingt-dix-neuf mil neuf cent quatre-vingt-treize autres ». On se serait un peu amusé- Ce sera peut-être pour une autre fois. Mais, cette autre fois, j'exigerai qu'on m'amène au moins trois frau deurs avérés et condamnés... Je suis comme la Révolution. Mes exigences croissent avec le tempsJ. Cornély....