Extrait du journal

s clame des aliments d'heure en heure, avec ' plus d'insistance. Serait-on bien fondé à lui dire : « Tous voyez bien que vous y mettez de la passion, vous vous agitez. Nous ne disons pas que nous'ne vous donnerons pas à manger, mais plus tard si vous demeurez calme, et si vous ces sez de vous plaindre. » C'est précisément pour faire cesser toute agitation, pour assurer la paix in térieure qu'il faut voter l'amnistie le plus promptement possible, et la voter sans restrictions, comme l'a votée la chambre des députés. Il ne faut pas oublier que c'est le gouvernement lui-même qui a pris l'initiative de cette mesure, lui qui jusqu'ici l'avait repoussée. . Pourquoi veut-il aujourd'hui ce qu'il ne voulait pas hier? Parce qu'il se sent assez fort pour contenir tous les éléments de dé sordre, quel que soit le drapeau sous le quel ils se produisent. Il veut l'amnistie aujourd'hui parce qu'il se sent soutenu par l'opinion publique qui la veut avec lui, non par sympathie pour tous ceux qui bénéficieront de l'amnistie, mais parce que l'amnistie est devenue une condition d'ordre et què l'ordre nous est indispensable. « La vraie France, dit le journal de M. Dufaure, ne demande pas l'amnistie; » c'est une affirmation qui ne vaut ni plus ni moins que l'affirmation contraire. Ce qui est incontestable, c'est que la France veut travailler, veut se développer dans le calme et dans la paix ; c'est que cette paix, ce calme seront assurés par la grande et patriotique mesure de clémence et d'oubli. Si le centre gauche du sénat veut n'é couter que la voix du patriotisme, s'il veut maintenir l'harmonie des pouvoirs publics, mettre un terme aux revendica tions bruyantes, affermir la République, il votera l'amnistie dans les termes où le gouvernement l'a proposée....