Extrait du journal

d'hui n'a plus aucune raison d'être. On obéit à la routine et rien autre chose". Il est vrai que cette grande dame est toute-puissante dans notre pays, que pourtant on ne cesse d'accuser de révolutionnaire. Et ce n'est pas seulement à Rome que le drame lyrique est mal ou médiocrement joué, sinon toujours défiguré par la censure. J'ai sous les yeux une lettre édifiante écrite par M. Marcello, et adressée au maestro Verdi, dont je détache le passage suivant., assuré ment fort instructif. Voici ce passage : « Le temple est devenu une boutique, l'art un métier; lé génie n'est qu'une marchandise d'éditeur, et msflheur à qui ne sait pas la vëndrè. Je ne vois d'un côté que des impresarii charlatans, brouillons, qui n'ont d'autre but que d'aduler les nobles présidences et de tromper le public ; de l'autre, des directeurs orgueilleux, ignorants, entêtés et impuis sant? ! Puis des maeslrii concertatori sans autorité^ sans conscience ou bien sans talent: des poëtes embarrassés comme des poussins dans de l'étoupe.qui ne font rien, de bien, pas même par hasard; des premiers vialons in valides; des musiciens chanteurs sans tradi tion, sans esprit de corps ; des choristes pris de toutes parts, qui hurlent sans cesse comme s'ils voulaient exciter la compassions de ceux qui les écoutent : ils sont si peu payés ! » Au milieu de cette tour de Babel, de cette dissolution, le jugement du public est faussé et le goût se corrompt. Pour bâter les effets d'une pareille dépravation, nous avons des journalistes vendus, qui louent ou blâment, selon le prix qu'ils ont reçu. La multitude se laisse mener par le nez : une année elle siffle tout et jette tout par terre; une autre, elle applaudit à tout propos et porte tout aux nues, de parti pris. C'est ainsi que nous as sistons à des triomphes organisés et à des chutes préparées. »...