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Le Siècle, 29 août 1850

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Le Siècle
29 août 1850


Extrait du journal

Cela dit, notre oncle se mit à nous parler de son jardin, de ses vignobles, de ses prés et de ses bois, pendant un quart d'heure ; puis, s'interrompant tout à coup : —« J'aurais grand plai sir à te laisser tout ça, mon garçon ; mais pour quoi diable t'es-tu fait histrion 1 • —! » Je vous ai déjà dit, mon oncle, non pas par convoitise de votre héritage, mais seule ment dans l'intérêt."de la vérité, que ce n'est pas moi qui ai l'honneur d'être histrion, comme vous dites. Comparez les nom et prénom. Pas d's, mon oncle, pas d's. * i — » C'est vrai, c'est vrai : pas d's ; je me le rappelle maintenant. Allons tant mieuxI tu me fais grand plaisir, mon garçon. Mademoiselle *" sera bien heureuse de reconnaître son erreur. » Et là-dessus, la conversation reprit son coars alternativement littéraire, politique, botanique et potager ; puis tout à coup : — « Oui, tout cela me plaît fort, s'écria-t-il de nouveau, et je serais bien heureux de finir ici, entre mes choux, et me3 vieux livres, sans une idée pénibloqui nous attriste, mademoiselle *** et moi, pour la considération de la farmille. Car enfin, mon garçon, pourquoi diable t'es-tu fj.it histrion ! — a Mais au nom de Dieu, mon oncle, son gez-y donc : pas d's I — » Ah I oui, tu as raison, pas d's. Cela me soulage d'un grand poids! » Vous croyez peut-être que notre oncle était enfin détrompé? Pas du toutl Nous passâmesline quinzaine à le détromper de même sans plus de succès. Le fatal : Pourquoi diable 1 etc., re venait inévitablement, cent fois par jour à pro pos de tout. Ce fut son dernier adieu, et de notre côté nous lui criâmes une dernière fois, du haut de l'impériale, tandis que s'éloignait la diligence qui nous ramenait à Paris : — Pas d's, mon oncle, pas d'sf Souveuez-vous-en, mon oncle, souvenez-vous-en longtemps I » Il ne devait pas même s'en souvenir cinq minutes. Quand on ouvrit, quelques années plus tard, le testament de cet onde, qui, par extraordinaire, était encore plus obtus que ses neveux, on y lut avec étonnement cette clause incompréhensible pour tout autre que nous : « Quant à mon neveu Louis Desnoyers, qui n'a pas craint de jouer la comédie sous le nom de Charles Desnoyer, de "monter sur des tréteaux, et peut-être même, si j'en dois croire...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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