Extrait du journal
vifs rayons sur l'autel de la patrie, autour duquel sont rangés six cents j prêtres revêtus d'aubes blauches et d'écharpes tricolores. M- de Talleyrand, alors évêqued'Autun, officiait. Le roi, debout, la maiu éten due vers l'autel, dit : « Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir que m'a délégué l'acte constitutionnel de l'état à maintenir la constitution décrétée par l'assemblée nationale et acceptée par moi. » Telle est la scène patriotique que M. Auguste Couder a essayé de mettre sous nos yeux. C'est là l'œuvre d'un homme de talent; mais cette oeuvre est-elle bien un tableau? N'est-ce pas plutôt un de ces plans fidèles où, pour plus d'exactitude, l'artiste a dessiné les person nages vus à vol d'oiseau, à l'instar des plans des batailles gravés avant la révolution? M. Couder a trop visé à la réalité. Dans sa composition, l'intérêt se trouve divisé. Le point principal est-il devant la tente du roi ou bien à l'autel qui occupe l'autre coin du tableau, pendant que le milieu est occupé seulement par quelques flaques d'eau? Et puis, comme exéution, où sont les parties vigoureuses destinées à faire valoir la lumière? tout le tabJeau est également éclairé. Le rayon magique de soleil où est-il ? Un orage, monsieur Couder, un orage pour l'amour de Dieu, et une illumination de soleil. Pourquoi ce ciel d'un bleu égal, où moutonnent quelques petits nuages blancs? Laissez dire aux vieil lards : a J'y étais, c'était comme cela. » Que nous importe à nous? Ce que nous voulons voir, c'est le soleil de la fédération. Rendons pleine justice néanmoins à l'adresse, à l'habileté merveil leuses du pinceau de M. Couder. Lorsqu'après avoir reculé à l'autre bout du salon, alin d'embrasser d'un coup d'œil cette immense toile, on se rapprochait pour en considérer Icb détails, on retrouvait, l'artiste con sommé dans ces groupes sévères ou coquets, dans cette multitude de personnages et de chevaux, bien peints et bien dessinés, mais qui mal heureusement de loin faisaient papilloter l'ensemble. Le tableau de M. Couder peut être classé dans les tableaux utiles : dans deux cents ans d'ici, de quel secours ne sera-t-il pas aux artistes et aux littérateurs ? ils trouveront là réunis les costumés de tous les rangs et de tous les états de l'an 1790, en môme temps que le détail minutieux, la cérémo nie. M. de Bay a exposé une Bataille de Dreux. Quelques combattans au troisième plan, un pêle-mêle d'hommes, de chevaux et de branches d'arbres au premier plan, n'ont rien, ce nous semble, qui caractérise suffisamment un combat pour qu'on l'intitule Bataille de Dreux plutôt qu ! toute autre bataille. C'est là le défaut en général des batailles. Estce l'épisode de Condé changeant de cheval qui doit décider de ce fait? Mais, dans n'importe quelle bataille, combien ne se trouve-t-il pas de cavaliers forcés de changer de chevaux? Ce tableau est faible, d'ail leurs, de dessin, dé couleur et de vérité. Dans ces costumes d'un mô me pays et d'une même époque, il aurait sans doute été difficile de reconnaître les protestons des papistes. M. de Bay semble avoir voulu 1...
À propos
Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.
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