Extrait du journal

Et les gentlemen qui fréquentent à l'in térieur sentent tous plus ou moins la paille dé litière, le cirage à harnais ou quelque autre parfum propre à la même partie. D'aucuns sont en tenue de ville, prêts à descendre dans Paris faire les rentiers ; d'aucuns en demi-livrée ; deux ou trois en tenue de travail, avec des tabliers bleus à pièce, d'une toile qui se tient roide comme de la tôle. Parmi, M. Bossou,vétérinaire (maréchalerie anglaise,-rue des Belles-Feuilles) qui écoute les histoires d'un individu au main tien duquel on voit que l'assistance lui est totalement inconnue. L'individu l'a entendu nommer par le tenancier de céans, et l'adjonction de ses titres et qualités lui a donné l'idée de s'adresser à lui pour trouver un emploi. Il baragouine. — Irlandais, palefrenier, venu à Paris, sans place, sur le pavé, servi dans plu sieurs cirques... voudrait gagner son pain... accepterait n'importe quel ouvrage, n'importe où. Connaîtrait pas, monsieur le vétérinaire, une maison qui l'enagerait? Monsieur le vétérinaire réfléchit. Ils sirotent lentement des verres de vrisky qu'ils font renouveler. Autour d'eux, un brouhaha s'élève : mélange d'argot, de patois, de français et d'anglais. Entre les jambes des consommateurs, des chiens se promènent, fraternisant en des frétillements de queue, ou se mon trant les dents avec de sourds grogne ments précurseurs d'une bataille. On leur allonge de ci, de là, un coup de pied pour les faire taire. Les conversations sont graves, très ani mées dans certains coins : les pronostics sont minutieusement discutés pour les courses du lendemain. On parle forfaits, prix à réclamer, steeple-chase, handicap,...