Extrait du journal

11 y aura, le io avril prochain, cent ans, qu’un coup de fusil anonyme mettait fin à la plus belle carrière de mécontent qui eût jusqu’alors tenté un citoyen français. Ainsi finissent les polémistes, les vrais, ceux qui persévèrent dans leur être et ne trempent leur plume que dans un seul encrier. Celui-là fut d une taille très au-dessus de la moyenne dans ces emplois difficiles où la première défaillance est le signe d une irrémédiable médiocrité... 11 pouvait, à loisir, s’intituler Paul-Louis Courier, vigneron de la Chavonnière, sa mauvaise humeur n’en touchait pas moins au génie. 11 avait le don d’éveiller, par son art. toutes les subtilités, tous les sortilèges de l’intelligence française. Le malheur voulut qu’il n’éveillât pas moins les susceptibilités du procureur du Roi. qui. lui. ne badinait point, ayant été émigré, bonapartiste, royaliste, et ultra. Peu d"hommes ont à ce degré, et avec cette constance, bravé les délires officiels. La Restauration qui a élevé tL.it de ministres et comblé tant d’ambitions, sans avoir rien marqué d’un trait de clairvoyance, aura régulièrement excité un écrivain. réfugié dans sa province, qui de là remuait les esprits, et qui, au rebous de Siegfried, casquait du baume qui rend toutes choses éclatantes et visibles, les ridicules du temps, conjurés....