Extrait du journal

11 a dit la tristesse et le désespoir de Satan, la douleur des exilés de l’Eden. Il a crié, en des termes sublimes, la malédiction de Caïn voué par le Dieu jaloux au meurtre de son frère et désespéré de son crime. Avec les tribus primitives, le fpoète descend des hauts plateaux do l’Asie vers e Gange sacré qui coule a travers les bois aux mille plantes où passe la vision splendide et terrible des dieux multiformes de l’Inde. Il y écoute le chant des princes guerriers vainqueurs des démons et vaincus par l'amour, la plainte des solitaires que trouble l’illusion de la vie et qui n'aspirent plus qu’à la douceur du néant. L’Egypte entr’ouvre pour lui ses apogées et ses palais. Il traverse la Judée où gémit l’Ecclésfasie et s'arrête aux rivages de la mer où naquit Aphrodite, où mourut Adonis, et qui baigne la terre des dieux. La Grèce antique a réalisé son rêve delà beauté. Depuis le divin Chénier, nul ne l’a plus profondément, plus heureusement aimée. Il a traduit les poètes. Il en a, le premier on France, rendu les vrais noms aux dieux, aux mers, aux fleuves, aux montagnes, aux cités, aux hommes de l’Hellaide. Il en a chanté les héros, les vierges et les bergers et interprété, en un drame d’une magnificence tragique, la farouche trilogie d’Eschylo....