Extrait du journal

Malgré leurs protestations d’innocence, une dame et un prêtre viennent d’cire sévèrement condamnés, à Amiens, pour avoir commis des indécences dans un cimetière. Leur cas s’aggravait de ce que les caresses de l’ecclésiastique avaient eu pour théâtre le caveau de famille de l’intéressée, et que le groupe chahutait sur les ossements des parents. Un caveau étant une propriété privée, je me demande jusqu’à quel point il peut être interdit à une personne du sexe d’y donner rendezvous à son confesseur. On répondra que du moment où la lucarne demeurait ouverte les baisers échanges constituaient un outrage public à la pudeur. Elle a bon dos la pudeur ! Généralement elle se fait représenter par de vieilles filles ayant rôti le balai, ou par de pudiques trottinas qui baissent les cils pour mieux jouir du spectacle. Que deux chiens gigotent dans la rue en témoignant un étroit attachement l’une pour l’autre et vous verrez courir Tes pipettes affolées, armées d’un seau d’eau froide, cherchant à hâter un décollement pourtant bien naturel, mais qu« offense les regards des passants et des passantes et gêne l’entre des maisons où l’on passe. Un des témoins du procès d'Amiens, une demoiselle ayant franchi le cap de la cinquantaine, prétend que le raticlion faisait des choses très cochonnes. Qu en sait-elle ? Ayant conservé sa fleur, comment peut-elle distinguer une cochonnerie d’une preuve de sympathie, une saloperiez de ce qu’on désigne communément sous le nom d’« une politesse » ?...