Extrait du journal
On ne saurait trop Chaudement féliciter le Jury de la Seine d’avoir déclaré M. Grégori non coupable. L’accusation portée contre cet honorable journaliste militaire et financier était absurde, dune absurdité révoltante. 11 n’y avait pas, dans le geste au Panthéon, comme on voulait le faire dire aux jurés, de tentative de meurtre, ni même de blessures, volontaires ou non, puisque, ainsi que l’a remarqué spirituellement M. Henri Rochefort. dont les remarques sont toujours spirituelles, il s'agissait simplement d'un crime passionnel. La passion de M. Grégori, c’est la France et il lui prouve son amour en tirant sur Dreyfus. Quoi de plus logique ? En excellent termes, M. Edouard Drumont affirme que Grégori est bien « le Latin représentant des vertus civiques qu'on lui enseignait au collège par le thème4 la version et le discours de rhétorique ». Arthur Meyer, dont le fond de culotte ne s'usa pas sur les bancs du lycée, fait le procès de la folie dreyfusienne et il conclut que la France, par 1’ « organe » du Jury, vomit le dreyfusisme. Vomit paraît bien doux, mais M. Meyer, mandataire attitré de la vieille noblesse, n’a pas voulu écrire « dégueule ». Sa plume se serait soulevée de dégoût. Du reste, le directeur du Gaulois a su apprécier mieux que personne les services rendus au pays par M. Grégori qui rédigea, pendant de longues années, le bulletin financier de son journal, pour le compte de M. MaryRaynaud, un banquier que, naguère, la justice française, contre toute équité, voulait faire passer pour un filou, sous le fallacieux prétexte qu’il avait commis plusieurs banqueroutes et escroqué l’argent de sa clientèle. • Puis, il faut bien l’avouer, tirer des coups de revolver sur un juif, cela n’a qu’une importance secondaire et cela ne vaut guère la peine de mettre en branle les robes rouges, les avocats et douze citoyens, obligés de quitter leur comptoir pour aller entendre d’interminables plaidoiries, dans une salle où l’ozone brille par son absence. Dreyfus aurait été tué que le verdict eût été identique- Il y a peu de mois, un bon catholique, qui avait perdu de l’argent à la Bourse, logea cinq balles dans le corps d’un financier coupable de ne pas lui avoir dit que le Rio allait baisser. Là encore, le Jury découvrit un crime passionnel. L’assassin adorait la galette et il creva sans pitié la paillasse de l’intermédiaire, qui l’avait, prétendait-il, privé d’une partie de sa fortune. Le principal tort do la victime était de se nommer Lcvy ; on le fit bien voir à la famille, que l’on ne saurait trop engager à demander au garde des sceaux l’autorisation de changer de nom. Les Dreyfus devraient en faire autant, s’ils tiennent à ne pas servir de cible. Depuis que les cendres de Zola ont été transférées au Panthéon, ils sont diorama loi- Le droit est reconnu à tous les citoyens de les abattre comme des chiens enragés. quant aux conseillers à la Cour de Cassation, qui ont violé l’article je ne sais plus combien, en acquittant un traître qui avait fait des aveux à Mary-Raynaud, pardon ! à Lebrun-Renaud. je ne comprends pas qu’ils osent entore sc montrer en public. Flétris par Cuignet et par M. Lecoq, ces sadiques magistrats sc sont conduits en véritables satyres. Le viol est flagrant et l’innocence persécutée de M- du Paty du Clam crie vengeance. Quelques paroles bien senties ont fait justice du soufflet que les membres cassationncurs ont infligé au deux Conseils de Guerre ayant reconnu la culpabilité du capitaine et flétri l’auteur du Bordereau....
À propos
Titre fondé en 1869 par le banquier Merton, la particularité du Soir est, comme son nom l’indique, de paraître après tous les autres journaux à partir de 19h30. Ayant des sympathies impérialistes à l’origine, le journal se ralliera par la suite à la République tout en poursuivant sur une ligne politique conservatrice, oscillant entre le centre droit et le centre gauche. Le Soir reste un journal d’affaires défendant avant tout les intérêts financiers des différents groupes qui furent à sa tête. Le Soir cesse de paraître en 1932.
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