Extrait du journal

Quoique en dise Jaurès (et sa docte cabale, nous continuons à pratiquer au Maroc le système de la pénétration pacifique. Quelbues pertes regrettables en sont la conséquence, mais fit-on jamais une omelette sans casser des œufs ? Aux dernières nouvelles, la situation se compliquait, l'armée du prétendant ayant bloque celle du souverain légitime. Nous soutenons Abdel-Aziz contre Moulaï-Hafid et cela nous procurera peutêtre le désagrément de rester avec le pétard entre deux selles. Il ne faut pas s’en alarmer. Moulay ou Abdel, Abdel oü Moulay, c’est kif-kif bourricot. Avec Abdel, il y aura un emprunt de consolidation ; si Moulay triomphe, ce sera tm emprunt de reconstitution. Mais, en tous cas, cela finira par un ou des emprunts, tachés d'un peu de sang, il est vrai, comme il arrive dans toutes les expéditions. Existe-t-il d’autres moyens de 'développer notre influence en Afrique ? L'exemple des anglais au Transvaal prouve le# contraire. Peut-être objectera-t-on que Britannia s'est payée sur la bête, en annexant deux Etats, alors que nous avons promis de ne pas chiper un mètre du territoire Marocain. Seulement, il nous faudra, quand même, rectifier nos frontières pour nous mettre à l'abri des incursions des bandes pillards. A ce moment-là, les grincheux voudront bien reconnaître If caractère éminemment pacifique de notre interventiyft et l'on clouera le bec des empêcheurs de danser en rond qui ignorent les rudiments de la stratégie politico-militaire. L'entente cordiale franco-espagnole est également en train de se fortifier, les soldats d'Alphonse XIII se flanquent quotidiennement des peignées avec nos légionnaires, mais ce sont là des petits jeux d’amitié, amusements de troublées éméchés ; ils prouvent que les civilisés sauront s’acquitter de la mission de faire la police et de rétablir l’ordre chez les sauvages....