Extrait du journal

sapristi! ! que ces assassins sont donc bêtes. Ce petit apprenti larcin, que tes bijoux de Mme Rémy viennent de faire pincer est indigne de toute pitié. Mille fois il eût l'occasion de sc défaire de ce gênant paquet. Ah I quiche, il le fourre dans le charbon, le reprend, il joue à cache-cache avec ; finalement il le promène sur lui. Détail amusant, il subit plusieurs interrogatoires du chef de la Sûreté et du juge d'instruction avec le corps du délit dans la poche de son veston. Renard justifie mieux son nom. La précaution de sc mettre tout nu et d'obliger son complice à en faire autant, pour éviter des taches de sang compromettantes sur les vêtements, décide un tempérament d’artiste meurtrier. Ce doit être dans un roman ou dans un drame qu'il a puisé ces indications, mais ce n'est pas absolument certain. Peut-être est-il l’inventeur de cette nouvelle façon d'opérer. Malheureusement, les vieilles maisons de Paris n’ont pas toutes des cabinets de toilette et des salles de bain, ni l'antichambre pouvant servir de vestiaire aux meurtriers. Puis, en cas d’alerte, s’il faut décamper mare tiare, on risque cl’être arrêté pour outrage aux mœurs. Il est vrai qu’en fait de mœurs, celles du majordome de M. Rémy, paraissent de plus en plus « inavouables “. A l’instauré de certains pachas orientaux, Renard avait un sérail à double compartiment. Bon père et bon époux, il ne professait pas, envers le sexe faible, la répugnance insurmontable des homosexuels. Mais il aimait, de préférence, dano le sexe fort et le Vautrain de Balzac, dont le romancier a fait un type extraordinaire ne possédait que cette dernière qualité. Depuis 1830, nous avons réalisé des progrès incontestables, quoique, à vrai dire, les mœurs de la valetaille aient, de tout temps, laissé beaucoup à désirer....