Extrait du journal

J’ai connu de grands reporters qui, tranquillement assis sous les verts ombrages, — de véritables ombrages à six sous, — d'une villa-chaumière de la banlieue, — pétrissaient des interviews avec les souverains étrangers et leurs ministres. Tout, dans leur papier, était décrit d’admirable façon, tout était prévu .même « le démenti » qui, — disaient-ils, — « ne manquera pas d'accueillir nos indiscrétions ». En effet, le démenti ne se faisait pas attendre, mais le public, d’avance prévenu, haussait les épaules ; — « On la connaît ! » Du reste, ces reporters nationaux et presque toujours nationalistes, prenaient leurs précautions. Une agence, dont on parla beaucoup aux temps préhistoriques de l’Affaire, à propos des correspondances d’Esthéray, se chargeait de faire timbrer à la poste de Rome, Londres ou Saint-Pétersbourg, l’enveloppe de l’écrivain. La direction du journal n’était pas dans la confidence, elle payait les frais de voyage de son rédacteur. Les ~ naïades se gardaient bien de vendre la mèche et il fallait un concours de circonstances fâcheuses pour que le truc fût éventé....