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Le Soir, 26 août 1908

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Le Soir
26 août 1908


Extrait du journal

Lattaclxé-photographc d’un journal du matin ayant pris deux vues, l’une de l’avenue des Champs-Elysées, l’autre de l'avenue Kléber où véhicules et passants brillent par leur rareté, sinon par leur totale absence, l’organe en question baptise la capitale de Paris-Sahara et de Paris-le-Mort. En fait, la plupart des maisons et des hôtels de nos riches quartiers sont moins peuplés en ce moment qu’en hiver, mais, si faute d un moine l’abbaye ne chômait pas, —■ au temps où il existait des abbayes, — ce n’est pas 1 absence de quelques centaines de mille habitants qui rend Paris semblable à une nécropole. Si le photographe tient à s'en assurer, il n a qu à faire une ronde dans le faubourg du Temple, à l’heure où le modulo s’apprête à escalader les hauteurs de Bellcville et de MenilmonUtnt, ou à parcourir la rue Saint-Antoine au moment où les aiguilles du cadran de l'Eglise Saint-Paul marquent la minute de la tournée ; un coup d’œil sur les zincs en étain ou en acajou lui prouvera, par l’afflux des mlminettes, des chopines et des demi-setiers qu’il existe encore pas mal de gavions aimant à se désaltérer. Les marchands de Munich, Pilsen et autres « bobines » y débitent plus de liquide que les torrents asséchés sillonnant les gorges des monts d’Auvergne, de la Savoie et de l’Helvétie et quoi qu’en impriment les écrivains affligés de snobisme, dans leur exaspérant galimatias, nous ne sommes pas à la veille du jour où l’herbe poussera entre nos pavés et où les araignées tisseront vainement leur toile dans la Cité désertée par les mouches. Que les chauffeurs d’automobiles, les conducteurs de potaches et d autobus sc rassurent ; le gibier ne manque pas dans les voies dites excentriques, probablement parce que la chair à pneus commet l’excentricité de se hasarder à traverser la chaussée en plein jour, sans se munir, comme le hérisson ou l’oursin, d’une cuirasse à aiguilles, destinée à la protéger contre les assassinats de la bande d’écrascurs qui fait du cent à l’heure au nez et à la barbe des agents....
Le Soir (1869-1932)

À propos

Titre fondé en 1869 par le banquier Merton, la particularité du Soir est, comme son nom l’indique, de paraître après tous les autres journaux à partir de 19h30.  Ayant des sympathies impérialistes à l’origine, le journal se ralliera par la suite à la République tout en poursuivant sur une ligne politique conservatrice, oscillant entre le centre droit et le centre gauche. Le Soir reste un journal d’affaires défendant avant tout les intérêts financiers des différents groupes qui furent à sa tête. Le Soir cesse de paraître en 1932.

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