Extrait du journal

Il y a eu un petit incident aux obsèques des malheureuses victimes de l’explosion du Latouche-TrévilLe. Le député de Toulon a exprimé la conviction que toutes les précautions n’avaient pas été prises et que des responsabilités évadent à rechercher. A quoi M. Thomson a répondu: Vive la France 1 La réponse n’a pas paru suffisante à quelques journalistes, qui attaquent vivement le ministre de la marine. L’un d’eux prétend que, la veille de la catastrophe, le commandant du navire demandait à la rue Royale l’autorisation de suspendre les exercices, un accident lui paraissant inévitable. Or, cet accident se produisit en même temps que la demande arrivait à Paris. Le ministre ne pouvait donc intervenir à temps et il semble que, dans ces conditions, le commandant aurait dû d’abord suspendre, pressentant les méfaits de la poudre B, car cette damnée poudre est toujours sur la sellette. Les commissions d’enquête n’avivent pas à se mettre d’accord sur ses défauts et ses hypothétiques qualités. A la longue seulement, si les canons persistent à exploser, on saura à quoi s’en tenir. Pour l’instant, il s’agit d’écouler les approvisionnements dont regorgent les arsenaux. Si de nouvelles explosions se produisent, on la brûlera aux moineaux. Les musiques colori a res agiront prudemment en répétant les marches funèbres de Chopin, car il est probable que la marine n’est pas au bout de ses épreuves...