Extrait du journal

Telle que je l’ai notée sur-le-champ, je rapporte ici une conversation tenue en ma présence, entre un ancien officier, vicitime, comme tant d’autres, de la politique et son fils. Il s’agissait d’orienter définitivement’ les études du jeune homme, qui, malgré les efforts de son père pour le détourner de l’état militaire et l’aiguiller vers une carriè re indépendante, songeait plus que jamais à Saint-Cyr. Pour la vingtième fois peut-être, lo père développait ses raisons, sans ébranler ta résolution de l’enfant qui l'écoutait, le front baissé, dans une tension visible de tout son être. — Tu espères sans doute en des temps meilleurs, disait-il. Crois-moi ; je sais mieux que personne ce que préparent ces accal mies passagères. Quand tu te trouveras — dans cinq ans, dans dix ans, je ne sais, mais tôt ou tard — dans l'alternative de briser ta carrière ou de cesser d’être hon nête homme, comme je ne doute pas de ton choix, tu devras recommencer ta vie — trop tard. Ne vaut-il pas mieux chercher dès maintenant une carrière où tu puisses res ter ? L’enfant ne répondait pas. — Tu sais que je ne m’opposerai pas à ta vocation, si elle est sérieuse, mais c'est la question. Après tout ce que tu sais par moi, après tout ce que tu as pu voir par toi-même, si tu persistes, c’est que tu ag une idée Laquelle ?...