Extrait du journal

ACCORD PARAPHÉ L’accord de la France avec l’Allemagne est paraphé dans _ ces dçux parties : le Maroc et le Congo ; il sera signé demain. D’après la communication ministé rielle, il se résume dans une reconnais sance de fait d'un protectorat français sur l’ensemble de l’Empire chérifien. Mais l’ensemble ne comporte pas les régions occupées par l’Espagne, ni même, paraît-il, le territoire et le port de Tan ger. Nous protégerons ce qu'on laisse, et nothre protection sera celle d’un subrogé-tu teur dont la gestion sera soumise aux décisions d’un conseil de famille, com posé des puissances, notamment de l’Al lemagne, qui se réservent le contrôle, sur tout en ce qui concerne l’exploitation des chemins de fer, mines et industries di verses. Nous serons autorisés à envoyer des soldats et à dépenser de l’argent, à subir tous les dommages sans toucher aux pro fits. Nous aurons les droits politiques, dont nous pourrons user comme de la li berté au temps de Figaro, à condition de ne pas nous en servir dans nos intérêts économiques. On nous cède l’ombre, les autres gar dent la proie. Mais ce peu même, nous devons le payer, et celle de nos colonies africaines dont les bénéfices étaient les plus proches et les plus certains est telle ment morcelée, déchiquetée, coupée, que nous n’y posséderons aucune liberté de communication et moyen d’action. L’Allemagne prend chez nous des en claves et des passages; étant maîtresse, elle empêchera nos comptoirs d’affaires, nos chemins de fer, notre commerce et notre industrie de se développer et de prospérer. On nous donne au Maroc des droits illusoires, on nous enlève au Congo des avantages certains ; ni notre intérêt, ni notre patriotisme ne trouvent leur compte à un accord où nous payons les dépens sans pouvoir nous flatter d’avoir même sauvé l’honneur. —- Charles Dvpuy....