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Le Soleil, 5 avril 1873

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Le Soleil
5 avril 1873


Extrait du journal

Nous savions bien que nous trouverions chez M. le duc d’Aumale, non Vauteur, mais Y homme qui plaisait tant à Pascal. Notre attente n’a pas été trompée. C’est la franchise et le naturel de l’orateur et de l’é crivain qui ont valu au nouvel académicien, le moins académique, peut-être, mais le plus flatteur des succès. « Vous avez commencé votre discours comme on monte à l’assaut, lui a dit justement le directeur de l’Acadé mie. » L’exemple est, en effet, assez rare pour qu’on l’ait salué des plus sympathiques applaudissements. M. le duc d’Aumale a tenu, pendant une heure,2 sous le charme, un public difficile à satisfaire et qui est moins attaché qu’on ne le suppose aux traditions académiques. Nous étions ravis pour notre part d’entendre cette voix simple et franche où se trahissait une émotion sans emphase, et de n’être pas bercés au bruit des périodescadencéqs qui retentissent si volontiers sous la coupole du [palais Mazarin. Il ne faudrait pas se persuader toutefois que l’art est étranger au discours de M. le duc d’Aumale. Mais cet art est celui des Retz et des La Rochefoucauld qui savaient être à la fois gens de plume et gens d’épée. M. le duc d’Aumale a recueilli une partie de leur héritage. Appréciateur judicieux du talent ora toire de Montalembert, M. duc d’Au male est en même temps un critique d’art pénétrant et délicat. On a surtout goûté la partis de son discours où il juge avec tant de finesse les théories artistiques de l’auteur de Sainte Elisabeth de Hongrie. M. le duc d’Aumale semble avoir emprunté la plume de M. Vital pour écrire ccs agréa bles pages d’une justesse si spirituelle et d’un tour si littéraire. Nous ne gâterons point par une sèche analyse ce discours éloquent où revivent tout entiers l’âme et le génie de Montalem bert. M. le duc d’Aumale a tracé fidèle ment le portrait de l’écrivain, de l’orateur, du chrétien. Aucun des traits de cette atta chante physionomie no lui a échappé. S’il s’écarte sur quelques points des opinions par fois excessives de Montalembert, M. le duo...

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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