Extrait du journal

LA POLITIQUE EN PROVINCE L’impôt par ordonnance de police En République — nous avons eu trop sou vent l’occasion de le constater — la loi n’cxislc pas. Avant de prendre une mesure quelconque, les agents du pouvoir exécutif ne se demandent pas : telle chose est-elle juste ou injuste, légale ou illégale ? Ils se demandent uniquement : en agissant ainsi flatterai-je ou ne llattcrai-je pas les passions du moment, risquerai-je d’avoir la majorité de la Chambre pour moi ou contre moi ? Suivant la réponse, qui naturellement varie avec les fluctuations du parlementarisme républicain, plus mobiles que les flots de l’océan, le fonctionnaire règle sa conduite. Le 9 décembre dernier, le ministre de l’intérieur écrivait au préfet du Morbihan une lettre que nous allons reproduire. Ici le lecteur interrompt. — Quel ministre de l’intérieur? demandet-il. M. Sadi Carnot a été nommé président delà République le 3 décembre. Il a mis dix jours à constituer son gouvernement. Il n’y avait donc pas de ministre de l’intérieur le 9. — Pardon ; il y avait un intérimaire, M. Fallières, actuellement garde des sceaux. D’ailleurs il n’y en aurait pas eu que cela n’aurait été que de peu d’importance. La lettre est Signée pour le ministre par M. Le vaillant, directeur de la sûreté générale. 11 n’est pas nécessaire, pour violer une loi, d'a voir la signature d’un ministre responsable. La chose est devenue tellement courante en République qu’on peut la confier, même à un chef de bureau ; à plufrforte raison à un directeur. Donc, M. Levaillant, directeur de la sûrete...