Extrait du journal

Covrtois b le, à «l’entendre s’expliquer, que cette question ne fasse pas de doute... Renard ? — Toute la question est là. A en croire son oncle, M. Wagner, qui l’employa dès sa sortie de l’école comme commis, et qui lui donna de 15 à 25 francs par mois, le jeune Courtois serait menteur de nature ! Oui, mais l’étrange dans l’affaire ac tuelle, c’est que ces soi-disant mensonges cadrent admirablement avec tout ce qu’on en sait et que, jusqu’à présent, Courtois ne s’est jamais contredit. L’an dernier, revenu chez son père, con cierge rue de Chaillpt, le jeune homme dut chercher une place et entra au service de la famille Remy o4 il gagnait 50 francs par mois, sans le vin. Il y resta jusqu’au 18 juillet, c’est-à-dire plus d’un mois après le crime... et ce n’est qu’à cette époque qu’on découvrit sur lui les bijoux volés ! Courtois, qui a reconnu l’exactitude de ces détails biographiques, déclare qu’une fois chez les époux Remy, Renard lui fit des propositions obscènes... et que finale ment, il lui offrit de l’aider à commettre le crime... présenté d’abord sous la forme d’un simple vol. Le 6 juin, vers cinq heures et demie, Renard m’a dit : « Est-ce que tu veux gagner de ï’arf;ent ?» — Oui. — Eh bien, -madame est par ie, nous n'avons qu’à prendre l’argent qui se trouve dans le secrétaire. — Mais si nous som mes pris ? — Nous ne le serons pas. Nous ferons croire que ce sont des gens de l’exté rieur. Je cédai quelque peu et je fis remarquer que Thomassin était sorti. — Tant mieux, fit observer Renard. — La sonnerie du concierge ne fonctionne pas, ajoutai-je. — C’est encore favorable pour nous. J’acquiesçai à la proposition et Renard monta. Je suis monté dans ma chambre à dix heures et demie et j’ai revu Renard à minuit qui ve nait me chercher pour commettre le crime. La conversation s'est alors engagée entre nous. J’avais peur. Renard me réconforta et me déclara que seuls les imbéciles étaient pris. « Nous allons être riches, il y a beaucoup de bijoux que nous pourrons revendre. Si M. Remy crie, nous étoufferons ses cris avec un bâil lon. » Renard me fit alors quitter ma chemise et tous deux nous partîmes pour la chambre de M. Remy. .* Le président ayant demandé à Renard ce qu’il a à répondre à ce réquisitoire en règle, c’est alors que s’engage entre les deux co accusés l’altercation farouche que voici : Renard. — Je réponds que Courtois ment, j’ai été arrêté par suite d’une erreur épouvan table et depuis sept mois je souffre le martyre. Lorsque M. Hamard a arrêté Courtois, il lui a dit que j’étais seul coupable. Mes cheveux ont blanchi et je b’ai vécu que pour mes enfants...