Extrait du journal

LA POLITIQUE LE PEUPLE ET LA RÉVOLUTION Une des causes les plus pro fondes de la banqueroute révo lutionnaire, c’est la méconnais sance absolue du tempérament et de la mentalité du Français, Celte par la race, Latin par la culture, Germain par les institutions que les conquérants francs ont introduites et imposées aux Gallo-romains. Nous sommes, à la fois, un peuple imaginatif, facile à l’enthousiasme et aussi à la crédulité ; un peuple pratique qui, dans la vie habituelle, avons le goût du travail et de l’ordre ; un peu ple soumis, parfois, jusqu’à la servilité, au pouvoir, et poussant l'esprit de con servation jusqu’à subir sans se plaindre les régimes de révolution. C’est toujours le mot de Malet au juge qui lui disait : « Qui donc vous eût obéi ? » « Vous tous, ripostait-il, si j’a vais réussi. » A l’heure actuelle, ces divers éléments constitutifs de la nationalité française sont en conflit, et tout est déséquilibré. Le Celte imaginatif, n "étant plus di rigé par la culture latine et dominé par l’institution conservatrice, est déchaîné, et il s'en donne à cœur-joie de rêvasser au pays d’utopie et de démolir tout ce qui le gêne et le discipline, convaincu, comme dit un vieux proverbe populaire, qu’il va prendre la lune avec les dents. La Révolution exploita fort habile ment ce sentiment anarchique du Celte qui, depuis plus de deux mille ans, lui a joué ceper dant de si vilains tours, et dont le résultat le plus clair a été de le livrer aux invasions, aux conquêtes, à la perte de son indépendance e* de sa nationalité. Mais la leçon n’a jamais profité et, rentré dans sa chaumière ou son comp toir, le bon Celte, après une période plus ou moins longue de travail et d’é pargne, de soumission et de respect aux pouvoirs établis, se laissait tout à coup prendre aux sornettes et boniments des baladins et charlatans qui l’éblouissaient, le grisaient et spéculaient, avec leurs promesses et mensonges, sur sa naïve con fiance et son goût des aventures. Et voilà notre Celte reparti pour le domaine des chevauchées mondiales et les illusions épiques. Au bout d’un certain nombre d’années, quant* il a versé son sang, mangé son bien, et qu’il est non corrigé, mais four bu, il réfléchit, car le bon sens ne lui manque pas ; il se retourne, furieux, vers les exploiteurs qui l’ont saoulé de mensonges, et exige qu’on réalise ses promesses, sinon, il .rentre dans son champ ou son atelier et, redevenu soumis et même servile, ne bouge plus pendant des siècles. Aujourd’hui, le peuple et la révolu tion en sont là. Le peuple crie à Ta ré volution : « Je suis éreinté et fourbu ; assouvis-moi, gorge-moi, donne-moi la lune ! » La révolution n’a pas la lune, mais, pour retarder l’instant où le peuple, ayant repris son bon sens, la chassera à coups de bottes et de sifflets, elle dit au peuple : « Tiens, prends tout, pille tout, casse tout, Eglise et armée, croyances et coutumes, fortunes privées, gloires na tionales, jette tous ces drapeaux au fu mier, ces christs à la voirie, et, bien repu et gorgé, vautre-toi et jouis. Athéisme et socialisme, ni Dieu ni maître, voilà la lune promise. >? Et le Celte chanfe et chevauche en core, mais quelque chose nous dit qu’il n’y croit plus. Le temps n’est guère éloi gné où, redevenu pratique, il démolira la boutique des charlatans et redeman dera à ses vieilles coutumes, vieux chefs et vieux prêtres la paix sociale, l’ordre politique, la douceur de vivre à l’ombre de l’Eglise qui bénira son foyer et son travail, sous l’égide du pouvoir tradi tionnel qui lui garantira son épargne, ses droits et ses libertés. — Liber,...