Extrait du journal

r résultat qui compte pour tout. Quand l’homme vise bien et ne manque pas son coup, c’est un meurtre ; s’il vise mal, — avec la meilleure vo lonté de tuer, d’ailleurs, — ce n’est plus qu’une tentative d’assassinat, et il n’y a plus de meur trier. Comme logique, c’est assez insuffisant; et l’indulgence est ici d’autant plus bizarre que le meurtrier ne cherchait pas à tuer pour son propre compte, rfiais pour ainsi dire par dilet tantisme. Il cherchait à établir, à sa manière, la propagande par le fait, et il est possible que le jury lui ait tenu compte de sa compassion pour des camarades, et se soit dit : après tout, c’est un brave homme, puisqu’il s’occupe d’une affaire qui ne le regarde pas ! Mais, j’en reviens tou jours à ceci : comment et pour quelle cause un meurtre manqué mérite-il plus d’indulgence qu’un meurtre accompli?L’intention n’étant pas niable, la peine encourue devrait-être la même ; et il me semble que la déviation d’une balle, pour cause de maladresse ou d’émotion, ne change rien à la culpabilité du meurtrier. S’il n’a pas tué, c'est qu’il n’a pas pu. Et si c’est de cela que le jury lui sait gré, la manière de voir de celui-ci mériterait bien quelque explication plausible. Il est vrai qu’il serait assez difficile de la trouver. Jean de Nivelle....