Extrait du journal

UNE VILAINE AFFAIRE L’Assistance publique est, depuis quel ques jours, assez ennuyée, à cause d'un fait, heureusement rare, qui vient d’être découvert et livré en pâture à la curosité publique. Chacun sait que, parmi les nombreux enfants quelle recueille, qu'elle est même obligée de recueillir, l’Assistance en place beaucoup dans des ménages campagnards, où, contre rétri bution, ils sont nourris et élevés. 11 ar rive, très souvent même, que certains de ces ménages prennent leur rôle très au sérieux et deviennent bientôt de très bons parents. Du reste, il existe partout en France, dans tous les départements, des médecins inspecteurs des enfants trouvés et assistés. Quelquefois, l'admi nistration déroge à la coutume et confie ces emplois à des personnages politi ques, pas très désignés pour cela peutêtre, mais il faut bien pourvoir ses amis comme l’on peut. Ces inspecteurs ont leur bureau à la préfecture du département. C’est là qu'ils reçoivent les réclamations de tou tes sortes, les demandes d’admission, les propositions de gens qui désirent devenir les collaborateurs de l’Assistan ce, pour l’élevage des nourrissons, etc. ; mais ils sont tenus à tant de jours de tournées par mois, et c’est précisément pendant ces tournées qu’ils se rendent compte de la situation des pupilles de l’Assistance publique, de la façon dont ils sont soignés, des précautions prises, à leur endroit, au point de vue de la propreté et de l’hygiène; en un mot, des soins de toute nature dont ils doivent être l’objet et de l’observation stricte des obligations auxquelles s’engagent les nourriciers envers leurs nourrissons. Quand ces tournées s’accomplissent avec sollicitude et ponctualité, il est bien difficile aux nourriciers employés par l’Assistance publique, de se sous traire à leurs devoirs. En effet, l’utilité spéciale de ces inspections est qu’elles sont faites ou doivent être faites à T im proviste, et non à jours fixes, ce qui ren drait la fraude par trop commode. Et encore, est-il bien facile de cacher à des gens expérimentés l’absence de soins, les mauvais traitements et les écono mies frauduleuses sur la nourriture des petits pensionnaires? Pas n’est besoin d’être médecin pour cela ; il y faut uni quement la conscience de son devoir, beaucoup l’amour d’un métier des plus utiles et des plus délicats, et quelque affection pour de pauvres petits êtres déshérités auxquels la pâtée quotidien ne est nécessaire et qu’il n’est pas aisé de nourrir avec des coups ou de mau vais traitemnts. Hâtons-nous de dire que cette façon d’entendre le devoir n’est pas commune dans le personnel employé par l’Assis tance publique. La plupart du temps, ce sont de braves gens qui sollicitent ces faveurs assez médiocrement rétri buées, d’ailleurs. Le mari est générale ment employé aux travaux des champs, et la femme reste au logis, pour les soins du ménage ; à leurs enfants,quand ils en ont, ils en ajoutent quelques au tres et les soignent tous pêle-mêle, sans, faire de différence entre les vrais et les intrus. Il est bien rare d’entendre, à ce sujet, des réclamations graves ; s’il en est de légères, elles passent inaperçues. Aussi, n’est-ce pas -sans un sentiment d'indignation et de colère que Ton ap...