Extrait du journal

LES FAUX PAUVRES La charité parisienne est Inépuisable, chacun sait cela; elle s'exerce partout, et de toutes les façons, même parfois sans réflexion, et il n'est pas surprenant de voir combien elle sollicite,et de tant de manières, l’invention do ceux qui veulent vivre en l'exploitant; et ces exploiteurs, très adroits, sont innombrables. Simuler la faim, c'est, en quelque sorte, l'en fance de l’art. On n'a pas mangé depuis un ou deux jours et, sur le trottoir, toujours à un bon endroit, par exemple, on tombe d’inanition. Il est bien rare de voir ces choses de passer en des endroits peu fréquentes. Les affamés n y feraient pas leurs frais. Feindre l’épilepsie est chose aussi fréquente ; c’est même à peu près usé : la police ne se laisse plus prendre à ces démonstrations répugnantes, et il lui arrive de débiner le truc,, en présence d'un public, parfois sinon toujours hostile, bien qu’il ait la certitude d’être exploité, souvent même à cause de cela. Les gens qui pratiquent cette exploitation sont des comédiens de premier ordre. Jouer sur un trottoir de Paris la comédie do la faim n’est point chose banaic : il faut être ce que I on veut paraître, feindre le besoin plus que pressant, c’est-à-dire aigu ; et quand l'acteur est un vir...