Extrait du journal

A propos de la démolition de Saint-Lazare, on devait bien un peu quelques souvenirs à saint Vincent de Paul qui vécut dans cette demeure, qui y mourut, qui y fut inhumé. Mais ce qui peut surprendre, c'est que tous ceux qui ont parlé ainsi de l’admirable fon dateur des Lazaristes, des sœurs de charité, des Enfants-Trouvcs, semblent ignorer que, depuis longtemps, le corps de ce génial ini tiateur de l'assistance publique parisienne repose rue. de Sèvres, dans la Chapelle des Missions où. il est entouré de la vénération des fidèles. C'est, il me semble, à la fin de la Restau ration que le transfert de ces reliques de Saint-Lazare a la nouvelle maison des La zaristes eut lieu solennellement. Le corps est placé dans une chasse et l'on aperçoit, à tra vers le cristal, le grand Saint revêtu d'une chasuble. On a figuré le visage en une tète de cire qui, malheureusement, ne ressemble en rien à celui auquel nous sommes redeva bles des sœurs de charité. Mais dans la sacristie de la chapelle des Lazaristes on a réuni tous les objets que l’on possède ayant appartenu à Saint Vincent de Paul. Là se trouve le grand manteau dans lequel, par les froides nuits d'hiver il enve loppait les petits êtres abandonnés qu'il re cueillait. C’est en cette admirable posture que Falguière nous l’a représenté dans la statue qui est au Panthéon. A côté de ce manteau qui n’a d’égal dans l’histoire des Saints que celui de saint Martin on voit figurer aussi la calotte, les gros sou* liens, la soutane, le calice du prêtre qui fit l’admiration de ses contemporains. Dans la bibliothèque on conserve encore de nombreu ses lettres dans lesquelles il est permis de connaître ce grand esprit, cette belle âme qui eut toutes les vertus et devant lequel s'age nouillaient les voleurs. Et puisque je parle de saint Vincent de Paul, qu’il me soit permis de rappeler qu’aux Enfants-Assistés, on a une série de tableaux du temps, parmi lesquels il s’en trouve un particulièrement intéressant. C'est celui où les grandes dames de Paris apportent au fon dateur du nouvel hospice leurs diamants, leur argenterie. Il n'avait eu qu’à faire le signe de croix pour obtenir tous ces con cours. Qui aurait résisté à l'appel de ce dis ciple du Christ ? S’il est étonnant que l’on ignore où repose le plus grand peut-être des Français, tout au moins le plus sublime, il y a quelque chose de plus surprenant encore, c'est qu'un monument ne lui soit élevé sur aucune place de Paris, afin que le peuple puisse contempler le vi sage de celui qui ne vécut que pour lui. qui compatit à ses douleurs et resta jusqu’à son dernier soupir un modèle de charité. — F....