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Le Soleil, 10 juillet 1897

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Le Soleil
10 juillet 1897


Extrait du journal

LE MUSÉE DE L'ARMÉE La Société de la Sabrctachc, qui a pour général en chef le grand peintre Détaille, vient de rem porter une victoire désormais mémorable. Cons tituée pour obtenir la création d'un musée de l'armée, elle a, grâce à son énergie, à la cause patriotique qu’elle défendait, pleinement réussi. Lundi, l’avant-veille du 11 juillet, on célébrera son triomphe en inaugurant officiellement ce musée, devenu institution d’Etat. Le •« rêve » est réalisé. Ce n’était pas seulement Meissonier, mais bien d'autres encore, militaires, écrivains, qui avaient exprimé ce regret qu’aucune collection ne recueillit tous les souvenirs, armes, portraits, tableaux de batailles, autographes se rapportant à la période de nos grandes guerres modernes, de cette épopée qui étonne encore le monde, et dont une défaite qui nous donne droit à une re vanche n'a pu efTacer l’éclat. On s’étonnait aussi que nous ne songions pas à réunir les trophées de nos campagnes d’Afrique, de la guerre de Crimée et d'Italie qui avaient conti nué nos étapes glorieuses et affirmé notre vail lance. Maintenant, il va être possible, grâce au Musée de l'armée, de réunir aux Invalides toute notre histoire militaire dont le Musée d'artillerie comprend déjà les premières reliques des temps de la chevalerie qui correspondent à la formation du territoire et delà nation. Ainsi que j'ai pu le constater hier, les locaux du vieux musée où se voient les armures de nos preux, et les collections où l’on trouve les uni formes de nos grenadiers et des cavaliers de Murat et de Lasalle, ne sont pas assez éloignés les uns des autres pour qu'on ne les réunisse pas un jour prochain. Mais, pour le moment, il n’est pas encore question de ces annexions. Il faut d'abord achever une œuvre à peine ébau chée, tâche dont M. le général Vanson s’est chargé avec un dévouement qui lui vaudra la gratitude de tous. Hier, il mettait la dernière main à un classe ment qui ne lui a pas pris moins de six mois et dont il s'est occupé tous les jours. 11 fallait ap proprier la grande salle à sa destination pre mière, trouver des vitrines, réunir en toute hâte les donations faites au Musée de l'armée. C'était la Sabrctachc qui cédait tous les objets qu elle conservait; puis de plusieurs côtés il parvenait des offres d'armes, de costumes, de diplômes; et enfin il y avait aussi à arracher à l'Etat des épaves du fameux Musée des souverains, formé sous le second Empire et supprimé plus tard, à tort il faut le dire, car il était d’un intérêt exclu sivement national. C'est ainsi qu’hier j’ai re trouvé ce fameux petit chapeau qui ligure au milieu même de cette évocation soudaine de la Grande Armée. Ils sont là dans des vitrines, les uniformes de tous ces héros, shakos gi gantesques, plumets extraordinaires, unifor mes de généraux qui ne connaissaient que la victoire. On a comme une vision soudaine et terrifiante de ces luttes et de ccs combats dont nous relisons sans cesse les péripéties et qui nous exaltent ou nous désespèrent. Que scra-cc donc lorsque le Musée de l’armée s'augmentera de donations sur lesquelles il a le droit de compter ! Que de glorieuses cpccs devraient figurer là, de ces sabres aussi qu'un bras vigou reux pouvait seul manier. Ces sabres ne seront pas déplacés à côté des grandes épées des vieux capitaines de la Renaissance et du Moyen-Age. Sans méconnaître l’intérêt qui s’attache aux costumes, on peut exprimer ce souhait que les conservateurs du Musée de l’armée s'attachent principalement à collectionner les armes léguées par nos généraux, par ceux qui ont un nom dans 1 histoire militaire. Malheureusement les uniformes, à moins qu’ils ne soient troués de balles, ressemblent trop souvent à la défroque empruntée à un théâtre. Cela sent toujours la friperie. Il n’en est pas de même delà lame d'une épée, d'un sabre. C'est une œuvre d'art, un chefd'œuvre dans l'harmonie de sa forme, un sym bole enfin que l'on regarde avec admiration, qu'il ait la structure la plus étrange ou la plus modeste. Quel fut le grand soldat qui n'a pas eu le souci, la coquetterie de son épée? Ce premier soin de Napoléon, après Iéna, fut de s’emparer de l’épée du grand Frédéric. — F....

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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