Extrait du journal

Il ne faut pas être très clairvoyant pour deviner le jeu des gauches. Elle veulent placer le Maréchal-Président entre une trahison envers les conservateurs ou une démission qui serait une désertion. Elles veulent qu’il devienne leur complice, elles veulent qu’il serve leurs plans révolution naire*, qu’il se prête avec complaisance A Aeurs vues démagogiques ou qu’il se retire. Le Maréchal-Président ne désertera pas jepo^te où les conservateurs l’ont mis et il ne pactisera pas avec les radicaux. Les gauches n’atteindront pas leur Dut. Mais elles n’en portent pas moins par leur attitude le trouble dans la marche des af faires publiques et dans le mouvement des affaires privées. Le plan des gauches est celui que toutes les oppositions parlementaires ont suivi, avant ot après 1830, et qui leur a trop sou vent réussi : viser le chef de l’Etat par dessus la tête des ministres et creuser l’abîme où tombera le gouvernement, en renversant ministère sur ministère. C’est toujours la même tactique. Il y a eu un moment où les gauches ont voulu se servir de la popularité de M. Buffet pour faire la République. Alors elles l’ont acclamé, elles l’ont poussé au pouvoir, elles ont béni son avènement. Il était pour elles l’homme de la situation. M. Buffet, ministre de l’intérieur, avait A côté de lui M. Dufaure, ministre de la justice. Les gauches n’ont pas tardé à opposer M. Dufaure A M. Buffet. Il s’agissait de faire un pas de plus dans les voies républicaines. Les gauches, voyant qu’au lieu d’être une aide, M. Buffet devenait un obstacle, elles l’ont combattu avec acharnement, et le qualifiant de clérical et de réaction naire, elles Vont renversé au profit de M. Dufaure....