Extrait du journal

Il me faudrait un volume entier pour raconter les mille traits épars et les anecdotes caractéristiques qui mont démontré le lien étroit existant entre le peuple boer et le peuple allemand. La haine de la race germanique contre la race anglo-saxonne sommeillait sans doute depuis longtemps, mais elle ne pouvait trouver pour éclater, une occa sion plus inévitable. Je dois dire, du reste, que les Boers espéraient beaucoup en l’intervention des Allemands. La fameuse dépêche de Guillaume II, à l’issue de l’affaire Jameson, avait toujours paru aux deux Républiques un gage d’alliance sur lequel on pouvait compter. La « ré serve » de Guillaume leur a été une cruelle déception. Mais le peuple germanique n’a pas pari âgé la « prudence » impériale. Par la presse grave, autant que par les plus libres caricatures, il s’est levé dès le premier jour contre l’Angleterre. Il a envoyé de très sérieux renforts au Transvaal. Il a constamment manifesté sa sympathie pour les « Dutclis » d’A frique et sa haine contre les envahis seurs anglais. Aujourd’hui, ces senti ments éclatent aux yeux de fous par des paroles auxquelles les principaux chefs des deux gouvernements donnent une importance imprévue. Mais, une fois de plus, il est démontré que rien d’imprévu ne survient dans l’histoire, et que tel effet retentissant était rendu fatal par toute une longue chaîne de causes. Jean Carrère*...