Extrait du journal

Il y a vraiment des propriétaires qui font tout pour encourager les ennemis de la propriété. Nous ne remonterons pas, pour leur rappeler leurs devoirs,à cettai.-i'sbul les lointaines de papes illustres, qui définis sent le caractère social de la propriété avec une sévérité telle que nous passerions pour des socialistes dangereux si nous prenions à notre compte des doctrines issues pour tant de la plus haute autorité. Mais il n’est pas besoin de se faire l’àme d’un mystique du moyen âge ou d’un révolutionnaire de nos jours, types plus rapprochés qu’on ne croit, pour blâmer certains abus criards de quelques propriétaires. Un peu d’honnêteté et quelque bon sens y suffisent. Ainsi, l’on nous signale un propriétaire de la rue de Rennes, qui impose & ses loca taires les conditions suivantes : Pas d’enfants ! Pas de chiens ! Pas de chats / Pas de personnes âgées ! Pas de personnes qui toussent ! Et ces conditions s’appliquent à un ap partement du 6* étage, sur l’escalier de service ! Nous connaissions déjà les maisons>où il ne faut ni enfants ni chiens ! Mais on n’avait jamais vu une maison se fermer de vant « les personnes âgées » et les person nes « qui toussent » ! Il est bien possible que le propriétaire de cet immeuble inhospitalier soit sans en fants ; possible encore qu’il n’aime ni les chiens ni les chats, mais, à moins que ce propriétaire ne se croie assuré, grâce aux précautions qu’il prend, d’une jeunesse éternelle, il arrivera lui-même à la vieil lesse, et il toussera, s’il n’a déjà toussé. Si le malheur voulait que d’ici là, il perdît sa maison, par suite de déboires financiers ou d’entreprises malheureuses, que dirait-il s’il ne trouvait pas un appartement où abriter ses vieux jours, et ses quintes de toux ? Ce phénomène d’égoïsme nous a paru digne d’être signalé. Passe encore que l’on interdise sa maison aux chiens et aux chats, bien que les uns et les autres, les premiers surtout, par leur fidélité, leur affection, leur dévouement, méritent une place au foyer ; mais il est profondément inhumain d’interdire une maison aux enfants et aux vieillards. Le propriétaire qui agit ainsi n’est pas seulement ridicule : c’est un per sonnage nuisible, qui fait de la propriété un abus et un scandale, gt qui n’a plus droit à voir sa propriété garantie par la société, puisqu’il s’érige en ennemi de cel le-ci en traitant en parias ceux-là mêmes par lesquels elle a vécu ou vivra. J. Véran. > —S— < LES RETRAITES OUVRIÈRES...