Extrait du journal

Un de nos écrivains les plus distingués et les plus «documentés », M. Hugues Le Roux, vient, à son tour, exprimer son avis dans cette question, si impor tante et si délicate, de l'enseignement secondaire, que l’enquête de la commis sion présidée par M. Ilibot a mise à l'or dre du jour. Notre éminent confrère fait remarquer, dans une lettre adressée à M. Marcel Fournier, directeur de la lievue politique et parlementaire, que les enquêteurs ont oublié de prendre l'avis d’une catégorie de personnes qui, pour tant, ont voix au chapitre : les pères de famille qui confient leurs enfants à l'Université. La remarque est piquante ;• et elle est juste. Sans doute on ne pouvait pas con sulter des milliers de pères de famille, qui n'auraient pas été préparés, d'ail leurs, à donner, en pareille matière, un avis médité ; mais tout au moins auraiton pu questionner, comme le dit notre confrère, les membres de nos chambres de commerce, qui représentent, dans le pays, une élite de travailleurs, ayant le sens de la vie et sortis à leur honneur de la bataille des affaires. On aurait pu avoir ainsi une idée de ce que désire le père de famille contemporain, des réformes qu’il voudrait voir réaliser dans l’ensei gnement secondaire. Quoi qu’il en soit, M. Hugues Le Roux, qui est lui-même père de famille et dont les fils sont instruits, comme externes, dans un établissement universitaire, a toute autorité pour donner son opinion ; Bl il la donne très nettement. Il constate que l’enseignement de l’Université est excellent, mais que la méthode d'ensei gnement est détestable. L’application de cette méthode, dit-il, nous rend nos fils « le dos rond, avec un estomac dégoûté de toutes ces nourritures littéraires ou scientifiques qu’on leur a fait ingurgiter pêle-mêle, par voie d'indigestion, comme on gave les oies pour la broche, sans jamais chercher à éveiller leur appétit, à proportionner à leur faim la nourriture qui seule s’assimile ». M.Hugues LeRoux.quiparleensonnom et au nom des pères de famille, auprès desquels il a fait lui-inùmc sa petite en quête, ne se plaint pas des maîtres, de ceux qui dirigent l'enseignement dans les lycées. Le personnel universitaire est excellent; et partout où la discipline universitaire ne s’impose pas lourde ment, les professeurs font preuve d'iniliativc paternelle et même affectueuse. Malheureusement ils ne sont pas libres: « La paperasse et les règlements les écrasent, les inspecteurs les surveillent, les programmes sont là, les méthodes ont la tyrannie de dogmes séculaires. » Notre confrère nous fait part de l’im pression qu’il a souvent éprouvée en voyant son fils rentrer du collège avec sa serviette gonflée de livres, la figure tirée, l’air d'être préoccupé, ennuyé. « — Tu as besoin de prendre l'air, mon enfant. Va jouer un peu. — Mais, papa, je ne peux pas... » Il ne peut pas, en effet : Il ne peut pas s’il est interne; il ne peut pas non plus s’il est externe. M. Hugues Le Roux compare la méthode d’instruction du jeune Anglais à celle du jeune Français : Le petit Anglo-Saxon n'a classe que le matin. Son après-midi lui appartient. Il peut apprendre scs leçons, si cela lui plaît, dans un arbre, gri bouiller son devoir à plat ventre au bord do la rivière. On lui demande seulement de se présen ter le lendemain à la classe avec une leçon suo, des devoirs achevés. Tout autre est la méthode d'instruc tion dans nos lycées, pour le jeune Français : Quand j’ouvre la « serviette » de mes fils, j'y —— IMUWIHWHBBWW1W.II M...