Extrait du journal

Jacques Bonhomme, qui passait par la place du Panthéon et m’y avait aperçu levant au ciel deux bras éperdus, me toucha l’épaule et me dit : — Allons ! mon ami, ne vous troublez pas ainsi et venez avec moi vous rafraîchir à la plus prochaine taverne. Et quand nous fûmes attablés devant nos choppes, cet homme de bien philosopha : — Eh quoi ! vous vous étonnez que la statue de feu Corneille, qui avait été instal lée place du Panthéon, soit perdue ! Depuis le surlendemain de son inauguration, elle est partie sans laisser d’adresse. Et vous vous en lamentez ! lié là ! Hé là / qu’est-ce donc vraiment que cette aventure ! Un tout petit malheur, Le monde est plein de choses officielles qui, organisées à grands fracas, disparaissent tout à coup, et qu’on ne reverra jamais. C’est tantôt une grande idée, sur laquelle on pérore avec éloquence, tantôt une grande philanthropie, pour laquelle on promet des flots de charité, tantôt un chef-d’œuvre que l’on annonce à grand fracas, tantôt même...