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Le Soleil, 17 octobre 1898

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Le Soleil
17 octobre 1898


Extrait du journal

soucis ; elle n’entre même pas, pour si peu que ce soit, dans leurs spéculations. Il y a, quelque part, quelques chefs qui commandent ; ailleurs, de pauvres diables qui leur obéissent, et sans savoir pourquoi, c’est-à-dire passionnément et aveuglément. Perdus dans la grande foule des employés qui, anonymement, les désavouent, ils n’en restent pas moins prêts pour les futurs attentats, à dé lai plus ou moins éloigné, qu’ils attendront avec la patience et l’impassibilité des fakirs de l’Inde. Le pire, c’est que, dans leur conscience malléable ou détraquée, ils croient bien faire et que la catastrophe leur paraîtrait acte méritoire. C’est ainsi que de nos jours on pervertit de braves gens qui ne vous prendraient pas deux sous dans la poche, mais feraient sauter un train de voyageurs comme rien du tout. Il paraît que lés exigences de la civilisation veulent cela. Que verrons-nous à la fin du siècle prochain? Jean de Nivelle. PARIS OCCUPÉ MILITAIREMENT Paris continue à être occupé militaire ment. Dans chaque arrondissement, un bataillon d’infanterie est concentré dès cinq heures du matin à la mairie; un es cadron de cavalerie ou seulement un demi-escadron ne tarde pas à le rejoin dre. Le chef de bataillon et le capitaine commandant l’escadron reçoivent la liste des postes à fournir, des chantiers à garder, des maisons en construction à surveiller. Ils font la répartition de leurs troupes en groupes de dix hommes pour l’infanterie, commandés par un sous-otficicr ; de six à huit hommes pour la cavalerie, commandés par un maréchal des logis. Les postes d’infanterie four nissent quelques sentinelles aux poires importants; elles sont relevées toutes les heures. La cavalerie envoie des patrouil les de troismu-quatre cavaliers qui sillon nent la rue emtout .sens et lui donnent une animation extraordinaire. La soupe est mangée vers dix heures du matin. Certains chefs de corps font porter. la soupe de la caserne à chacun des postes, d’autres font emporter un repas froid, d’autres, enfin, prescrivent do faire la soupe ou le « rata » sur place. Aussi voit-on parfois une énorme marmite installée au milieu d’un chantier, entou rée de soldats surveillant la cuisson avec un intérêt fort compréhensible, si l’on songe que le réveil a sonné pour eux entre trois heures et trois heures et de mie du matin et que la rentrée dans le casernement ne s’effectuera pas avant sept heures et demie du soir, quelque fois huit heures. Quant aux officiers, on ne s’en occupe pas. Ils mangent où ilsveulent et comme bon leur semble, ce qui ne doit pas man quer d’être fort onéreux, puisqu’ils sont astreints de manger dans le voisinage de leur poste. Les officiers venus de pro vince sont également autorisés à loger dans le voisinage de la caserne affectée à leurs troupes. Le logement coûte fort cher à Paris. Aussi ne faut-il pas leur demander leur avis sur ce séjour forcé dans la capitale. Leurs intérêts sont en province, et leurs goûts ne les prédispo sent nullement à ce métier de gardiens de la paix pour lequel ils ont une profonde répugnance. Quant aux plaisirs de Paris, ils ne peuvent guère en jouir, puisqu’ils sont constamment de service ou consi gnés aux quartier. La note à payer par ï’Etat à la suite de ce déplacement de troupes sera assez rondelette. Officiers et troupes ne perce...

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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