Extrait du journal

Voici des détails sur l’incident de Mâ con, dont la .'Soleil a parlé hier en « Der nière Heure » : Le 134* de ligne, qui a été, la semaine dernière, faire les manœuvres aux environs de Lugny, avec le coucou i-s de 800 à 9ik> réservistes, était rentré à Mâcon mardi ma tin. Les réservistes avaient été libérés dans la soirée. Le drapeau du régiment, celui du 334e de réserve et celui du régiment territorial avaient été tous trois déposés à la bibLiothè3uo des officiers au lieu d’être portés au omicile du colonel, et il n’avait été mis aucune sentinelle pour garder les dra peaux. Jeudi matin, à sept heures, le plan ton do la salle d’honneur des officiers, qui est en même temps bibliothécaire, aper çut, en arrivant à son poste, la porte de la salle d’honneur ouverte, et dans un coin de la salle deux des fourreaux dans les quels se trouvaient les drapeaux tombés à terre. Il s’approchait pour les relever, quand il constata quo l’un des étuis était vide. Le drapeau du 334' avait été, en effet, enlevé et séparé de la hampe à coups de couteau. Le planton informa aussitôt le» officiers de semaine, et la nouvelle se ré pandit bientôt, causant une émotion con sidérable. Peu après, un soldat se présen tait au poste de police et déclarait avoir vu dans les cabinets un drapeau obstruant l’ouverture. On retira en effet de cet en droit l’étoffe du drapeau toute souillée et lacérée de coups de couteau. On se trouvait, à n’en pas douter, en présence d’une manifestation antimilitaris te : un disciple d’Hervé, profitant de il’obseurité, avait volé le drapeau et l’avait jeté dans les cabinets. Le colonel Rauch, du 134', a expliqué pourquoi le drapeau se trouvait dans la bi bliothèque des officiers. Mardi, en arrivant des manœuvres, il n’a pas cru devoir imposer un surcroît de fa tigues aux troupes en faisant conduire les drapeaux à son domicile, distant de deux kilomètres environ de la caserne. Mercre di, il a plu une partie de la journée et le colonel a craint que le transfert fait sous la pluie ne causât des dommages au dra8eau et des fatigues inutiles aux troupes. r, c’est dans la nuit de mercredi à jeudi que l’acte de vandalisme a été commis. Le colonel voit dans cet acte le résultat de la propagande antimilitariste. Il consta te néanmoins qu’au 134" l’état d’esprit est bon et que rien ne lui faisait prévoir ce qui est arrivé. Le général MieheUer se montre accablé, et d’autant plus que rien ne lui faisait re douter un acte aussi odieux. Il estime que l’état d’esprit du 134» était excellent, que les manœuvres n’avaient rien eu d’anormal et que les fatigues im posées aux troupes avaient été moindres que l’an dernier. Il convient d’ajouter que l’auteur du cri me a pénétré dans la salle où étaient les drapeaux en ouvrant avec une clef la porte qui était fermée avec une serrure Fiehet. Il a dû prendre à tâtons un des trois dra peaux qui étaient dans un coin de la salle et il parait probable qu’il n’a pas choisi et que c’est sur le premier qui lui est tom bé sous la main que s’est exercée sa fureur. Nous avons dit que les réservistes avaient été libérés mardi dans la journée. Trois sont pourtant demeurés à la caserne punis de prison. Il semble qu’ils ne puissent être soupçonnés, car outre qu’ils ont passé la nuit dans le local disciplinaire, ils ont été l’objet de cinq rondes de sous-officiers, qui ont constaté leur présence en ce lieu....