Extrait du journal

PARIS, 19 NOVEMBRE 1880 A LA CHAMBRE Quoique la Chambre ne tînt pas aujourd'hui de séance publique, il y avait beaucoup de monde aux abords du Palais-Bourbon et dans les couloirs. Plusieurs commissions se sont réunies dans les bureaux. Voici les principaux renseignements que nous avons pu recueillir. ’ Les députés de la droite se sont réunis dans la salle du 1er bureau pour se mettre d'accord sur la demande d'interpellation dé posée par M. Jules Delafosse, député de Vire, et acceptée par le gouvernement rela tivement à la politique étrangère. On sait que cette interpellation doit être discutée en séance publique aussitôt après le dépôt du Livre jaune. Cette décision prise sur la demande de M le ministre des affaires étrangères, laisse à ce dernier la faculté de lutter ou de retarder le débat, en déposant plus ou moins tard les documents diplomatiques qui composent le Livre jaune. On pourrait donc être surpris ; il convient de se mettre en garde. Après s’être mis d'accord sur la conduite à tenir lors de cette interpellation, les députés do la droite se sont occupés des articles 124 et 125 du règlement de la Chambre. Plusieurs membres de la réunion contestent à la Cliamnre la droit de faire un règlement entraînant l’arrestation et l’incarcération d'un député, voire môme d'un simple citoyen. La peine de la prison, disent-ils, qui porte atteinte au principe de la liberté individuelle, ne peut, d'après les principes du droit moderne, être prononcée que par une loi adoptée par les deux Chambres et promulgué, conformément à la Constitution, par le chef de l'Etat. On ne peut donc admettre qu’un député puisse être mis en prison pour trois jours sur l'ordre du président de la Chambre. Le règlement est inconstitutionnel. On trouvera pcul-ôlrc qu'il est un peu tard pour s'en apercevoir. Cependant, cette ques tion peut donner lieu à une discussion inté ressante. On nous afürme qu elle sera portée à la tribune....