Extrait du journal
LE PLUS HEUREUX DES TROIS Les journaux viennent de nous raconter, en une quarantaine de lignes, et sous forme de fait divers, un de ces drames de l’adul tère que les romanciers recherchés dévelop pent en deux-cents feuilletons, et encore parce qu'ils sont modestes. A leur place, je voudrais inaugurer une mode nouvelle et m’atteler à un roman qui ne finirait qu’avec ma vie. Encore pourrais-je en confier la suite à mes héritiers, de sorte qu’il n’y aurait, en tre leur œuvre et la mienne, qu’une inter ruption toute momentanée, pour cause de décès. Quel roman, quel livre que celui dont les chapitres s’enchaîneraient indéfiniment, l’un au bout de l’autre, et qui pourrait durer cent ans, comme cent jours l C’est un projet que je livre aux méditations des romanciers, en fermant ici cette parenthèse et en reve nant à l’affaire de Cannes, plus dramatique, à ce qu’il parait, que l’auteur lui-même ne la voulait. En effet, d’après ses propres affirmations, l’intention du mari outragé était de blesser sa victime. Il ne lui en voulait point à mort, et c’est là, me semble-t-il, ce qui aggrave son cas, d’une singulière façon. On ne s’ima gine pas bien un mari outragé se livrant à de pareils calculs et raisonnant avec un pareil sang-froid. Lorsque la justice pénale a ac cepté des excuses pour le mari surprenant sa femme en flagrant délit adultère, ou vice-versa, elle s’est dit que l’acte criminel devait être mis au compte d'une sorte de folie momentanée, et jamais elle n’a eu l’idée de doser l’outrage. Elle ne pouvait pas penser que l’époux trompé et outragé pût lui-même mesurer l’injure et dire, l’attentat une fois accompli : je me suis borné à ceci, et c’est un vrai hasard si je suis allé plus loin, car je n’avais certes pas l’intention de tuer. Les racontars déjà faits autour de cette triste affaire démontrent à peu près ceci que, depuis de longs mois déjà, il n’y avait nulle entente dans le ménage de M Dcacon. 11 paraîtrait même qu’une action en divorce existait, à la requête de la femme, et que la colère, très longtemps patiente du mari, ne serait devenue plus aiguë qu’aux approches de l’échéance, les relations de...
À propos
Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.
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